Film américain réalisé par Jason Reitman et sorti en 2008.
Voici un film intriguant par bien des points. En effet, il est présenté partout (sur les affiches, dans la presse spécialisée, sur internet) comme « le fleuron du cinéma indépendant américain ». Et moi, s’il y a bien un truc qui me fait craindre le pire, c’est bien ce genre de qualificatif. Le cinéma indépendant américain, c’est tout ce qui se produit en dehors des grosses majors hollywoodiennes. On peut y trouver le pire comme le meilleur, et c’est plutôt difficile d’en parler comme d’un genre à part entière. Mais de quoi parle ce film au juste ?
Juno est une adolescente plutôt atypique. Un peu rebelle, un peu musicienne, toujours drôle et pleine de répartie, elle ne fait pas vraiment partie de cette classe moyenne de lycéen américains qui ne pensent qu’au bal de promo de fin d’année. Un jour de désœuvrement, elle décide de coucher avec son meilleur ami, et ce qui devait arriver arrive forcément : elle tombe enceinte de lui.
Pas facile quand on n’a que seize ans de porter un enfant. Après une vague tentative d’avortement (elle entre dans la clinique mais ressort cinq minutes plus tard parce que « ça sent comme chez le dentiste »), Juno décide d’aller jusqu’au terme de sa grossesse et de faire adopter l’enfant. Elle trouve dans les petites annonces du journal ce qui lui semble être le couple idéal, et prend son mal en patience en attendant la fin de sa grossesse.
Malgré ce que le résumé pourrait laisser croire, Juno est vraiment une comédie. Et drôle avec ça ! En fait, tout le sel du film tient aux dialogues, et au personnage vraiment atypique de Juno. La jeune fille traverse l’écran avec talent et finesse, on peut vraiment dire qu’elle crève l’écran. En fait, tout le talent d’Ellen Page, l’actrice principale, tient dans son attitude : bien qu’elle soit détachée de tout, comme une adolescente qui se veut cool, on sent peu à peu toute cette histoire l’affecter bien plus qu’elle ne l’aurait voulu au départ. Il n’y a pas de drame prévisible dans le film, pas de larmes inutiles, pas de gags stupides, non, l’ensemble est d’une incroyable finesse et d’une fraicheur revigorante. Il faut dire que la scénariste, Diablo Cody, est une ancienne strip-teaseuse et blogueuse reconvertie dans l’écriture. Avec un tel parcours, on ne pouvait pas s’attendre à un film prévisible…
Il y a plusieurs manières d’aborder le film. On peut se poser un tas de questions sur l’avortement, la sexualité des adolescents, la responsabilité parentale, l’éducation. Ou on peut se laisser porter par l’histoire, suivre Juno dans ses pérégrinations, profiter du spectacle qui est bien scénarisé et réalisé. Il a d’ailleurs été récompensé par de nombreux prix un peu partout dans le monde, et selon moi, il les mérite.
Bref, oubliez vos à priori sur les « fleurons du cinéma indépendant américain », Juno vous fera passer un très bon moment…
Note :
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