L'AFP vient de faire une révélation détonante. Des géants de l'agroalimentaire cherchent à enrôler des personnalités pour peser sur le processus de décision européen en faveur des OGM et ainsi obtenir des autorisations de culture. La méthode employée est très controversée...
En effet, la célèbre agence de presse est parvenue à se procurer un email, daté du 5 octobre, dans lequel EuropaBio, l'association qui derrière un bien joli nom représente les intérêts de Monsanto, de BASF et des autres grands groupes du secteur en Europe, indique que plusieurs personnalités du monde ont "manifesté leur intérêt" à devenir "ambassadeurs" de la cause des OGM. Parmi elles, l'ancien ministre socialiste français Claude Allègre, l'ancien commissaire européen britannique Chris Patten, le chanteur irlandais Bob Geldof, et l'ancien commissaire européen irlandais David Byrne.
On apprend également dans cette lettre que l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et le journaliste écologiste britannique Mark Lynas auraient également manifesté leur attention de se joindre à eux afin d'"aider l'Europe à revoir sa position sur les cultures d'OGM".
Aucune rétribution financière mais des frais couverts
L'élément accablant pour EuropaBio est un document annexe à ce mail qui détaille la méthode de travail proposée aux "ambassadeurs". Il cite cinq options : "une lettre ouverte au Financial Times dans laquelle les signataires appellent l'Europe à revoir sa position", des "rencontres avec les média arrangées par le secrétariat du programme et des articles placés dans des médias", des "rencontres" et des "dîners débat" avec des responsables de l'Union européenne à Bruxelles. S'il précise qu'"il n'y aura aucune rétribution financière des ambassadeurs, mais EuropaBio fournira au secrétariat du programme des fonds pour couvrir les dépenses nécessaires, notamment les déplacements et les frais d'hôtel".
Les géants de l'agroalimentaire, contrariés par la perception négative des cultures d'OGM en Europe essaieraient donc de se chercher de faux soutiens parmi les puissants pour peser sur le processus de décision. Or, le groupe Monsanto a tout intérêt à obtenir ces appuis puisqu'un de ses produits, le Maïs 810, attend le renouvellement de son autorisation de culture depuis plus d'un an. Au sein de l'Union européenne, déjà sept pays (la France, l'Allemagne, la Hongrie, la Grèce, le Luxembourg, l'Autriche et la Bulgarie) font barrage et souhaitent interdire sa culture sur leur territoire.
Alors qu'elle vient d'être démasquée EuropaBio va s'attirer les foudres des anti-OGM, déjà très remontés. Espérons également que cet évènement contribuera à décrédibiliser les propos de certains climato-sceptiques comme Claude Allègre qui ont une vision bien à eux du développement et du progrès. Climat, nucléaire, OGM, même combat.
Célia Garcin