Nous sommes à la veille du départ pour accompagner les quelques 4700 pèlerins qui ont fait confiance aux agences de voyages en choisissant d’accomplir le Hadj avec elles. On ne peut pas occulter un certains nombre de confrères , éliminé non pour incompétence , mais faute de quota. Ceux à qui , on a fait croire jusqu’à la dernière minute, qu’il y aurait une possible rallonge , promesse non tenue car en fait il n’en n’a jamais été question.
Pendant des années, nous avions bénéficié d’un quota aléatoire, donné uniquement sur la base de ce que le Ministère des Habous et des Affaires Islamiques ne pouvait traiter. Une sorte de rente , sans aucun effort de notre part , la demande étant là et l’offre restreinte au quota attribué. C’était les années fastes de 2000 à 2007. Plus de 10000 pèlerins répartis entre quelques agences triées sur le volet mais qui ont gagnés leur place grâce à une expérience et des sacrifices accumulés pendant une décennie.
En l’espace de quelques années , le quota des agences de voyage aura été réduit de plus de 50% , puisque pour l’année prochaine, il n’y aura que 3798 pèlerins soit 84 agences qui pourront en bénéficier . Pour rappel, lorsque le système du tirage au sort a été mis en place en 2007 , mettant en «concurrence» les Agences de voyages avec le Ministère des Habous et des Affaires Islamiques , nous sommes arrivés, malgré certains dysfonctionnements qui ont été dénoncé dans le temps lors d’un Conseil Stratégique du Tourisme , à réaliser 7720 pèlerins au profit de 172 agences avec une répartition à la méritocratie et sur la base de critères objectifs.
Cette performance a été réalisée grâce à une campagne de communication de qualité et une mobilisation générale. Le fait d’avoir mis un produit d’appel, en l’occurrence le produit social, faisait partie d’une stratégie à moyen terme , nous permettant de mutualiser pour mieux acheter et pouvoir offrir un service de qualité à un prix raisonnable afin d’attirer une nouvelle clientèle qui n’avait pas l’habitude de faire appel à nos services.Il fallait en faire de même pour les autres produits et former ainsi des groupements d’agences, pas nécessairement de la même région, mais sur la base d’affinité et de pertinence pour maintenir une clientèle acquise aux agences.
La FNAVM avait relevé le défi avec dignité , mettant en place une stratégie et des outils pour convaincre et maintenir des parts de marché : Fonds de Garantie, Assurance annulation voyage, Code d’éthique , Communication……L’étude qui a été faite à cette époque préconisait ce type de démarche et surtout une offre produit , longtemps en avance pour permettre aux candidats pèlerins de faire leur choix sur la base d’un bon rapport qualité prix.Malheureusement, dans une totale incompréhension, tout le travail a été piétiné pour le constat que l’on connait : une tendance baissière qui ne cesse de s’accentuer d’année en année et de manière inéluctable.
En effet, les clients tirés au sort retirent leurs attestations des délégations de Tourisme et se rendent aux agences sélectionnés qui ont des places disponibles sur un produit déterminé. En fait le client ne choisi plus en fonction de l’agence , mais en fonction du produit proposé et de son pouvoir d’achat. La relation client/agence a été rompue par ce système qui décrédibilise l’action de l’agent de voyage et le cantonne à un rôle de distributeur et non producteur. En effet, vu le quota réservé à chaque agence , 43 pèlerins, il n’y plus aucune marge de manoeuvre pour négocier face à des fournisseurs qui se basent sur le prix de vente fixé par la commission mixte public privé.
Forts de leur position dominante , de la rareté du produit , des exigences du CPS et de la fragilité des agences, les fournisseurs ( Compagnies aériennes, Hôteliers, Mouassassa et autres ) augmentent leurs prix de manière draconienne ne laissant aux agences aucune maitrise du produit.Cet état de fait rend le produit très cher et par conséquence hors de portée d’une grande frange de la population qui se rabat sur le produit étatique, délaissant les agences , au moment de la prise de décision, c’est à dire lors de l’inscription au tirage au sort. Un produit basique, sans surprise, bon marché et disons le , de meilleure qualité d’année en année.
Il serait malhonnête d’imputer la baisse du quota des agences à un ministère ou à une personne, cette situation est la résultante d’un manque de stratégie, de visibilité et de concertation sur un sujet qui intéresse une majorité d’agences de voyages spécialisées qui ont fait du tourisme religieux, une composante de leur activité. La responsabilité d’une telle situation incombe aux instances représentatives mais également à la tutelle qui n’ont pas su réagir à temps pour juguler cette hémorragie.
Une réflexion nationale s’impose sur ce sujet et le plus tôt serait le mieux , sans polémique, ni rancune mais avec responsabilité et franchise afin d’éviter que 1432 ne soit l’année du Pèlerinage de l’adieu pour un grand nombre d’entre nous.
HADJ MABROUR à ceux qui ont la chance de l’accomplir et une pensée pour tous ceux que le sort n’a pas préservé.