Le G20 se réunira en France, à Cannes, les 3 et 4 novembre. En pleine instabilité financière, la présidence française du G20 a choisi de se concentrer sur quelques axes principaux, sur lesquels nous revenons dans le rapport : la régulation financière et du système monétaire (dont la lutte contre la corruption qui comprend l’évasion fiscale), la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, en particulier agricoles, enfin la « dimension sociale » de la mondialisation et le développement.
Les précédents sommets n’avaient permis que des avancées symboliques et des effets rhétoriques. Mais le G20 qui va se tenir en France s’annonce encore bien plus vide de toute avancée effective sur l’ordre du jour qu’il s’est fixé. Nicolas Sarkozy a annoncé une présidence du G20 qui allait impulser un « nouvel ordre mondial » et a multiplié les annonces – qui pouvaient paraître séduisantes au premier abord – en direction de la « société civile », pour mieux dissimuler la vacuité des décisions finales.
Les tensions nouvelles entre les États-Unis et la Chine sur les questions monétaires, ainsi qu’entre les pays européens et le reste du G20 sur la crise de l’euro, annoncent même un fiasco. Tout le monde a les yeux rivés sur l’Europe et son incapacité à résoudre la crise de l’euro, par peur d’une contagion à l’ensemble des économies. Les grandes puissances économiques devraient donc demander des comptes à leurs homologues de la zone euro. Les pays émergents, moins touchés par le crise économique, proposent même de leur venir en aide via la FMI : les tractations du G20 marquent un chamboulement dans l’ordre mondial et dans les rapports Nord-Sud.
Face à ce fiasco annoncé et pour ne pas perdre la face, la priorité est maintenant à « la réduction des grands déséquilibres économiques et financiers mondiaux ». Une priorité qui ne devrait consister qu’en un assemblage des initiatives prises dans chaque pays, notamment les sept pays du G20 identifiés comme sources principales de ces déséquilibres.
Le G20 reste pourtant un des piliers du capitalisme financier au niveau international. C’est lui qui a laissé croire à une reprise en main de la finance tout en la laissant libre de toute nouvelle contrainte (cf. § 1). C’est lui qui a impulsé le sauvetage massif de la finance, lui également qui a relancé le FMI, premier artisan des plans d’austérité (cf. § 2) déployés aujourd’hui en Europe. Pour légitimer ses politiques aux yeux des populations, il s’est emparé de questions telles que la « dimension sociale » de la mondialisation, le développement, l’écologie, l’agriculture (cf. § 3)… « auto-saisine » sans aucune conséquence,sauf celle de déguiser la logique précédemment décrite et de vider les autres institutions internationales, en particulier les Nations Unies, de leurs prérogatives. Ce faisant, le G20 s’inscrit également dans une détérioration de la démocratie mondiale (cf. § 4).
Attac France,
Paris, le 24 octobre 2011
http://www.france.attac.org/articles/le-g20-un-fiasco-annonce