Après sa qualification aux forceps face au Pays de Galles, l'équipe de France a naturellement été accusée d'avoir honteusement profité d'une décision favorable de l'arbitre Irlandais de la rencontre, Monsieur Alain Rolland, pour s'imposer contre une équipe qui lui était supérieure.
Cette critique est à ranger à côté de celle formulée il y a quatre ans par les supporters Néo-Zélandais à l'encontre de Monsieur Wayne Barnes, l'arbitre Anglais du quart-de-finale héroïque de 2007. A l'époque, c'est la passe en-avant de Damien Traille à Frederic Michalak avant l'essai de la gagne inscrit par Yannick Jauzion qui avait cristallisé le mécontentement populaire au Pays du long nuage blanc.
Indubitablement, la France est victime de ce qu'on pourrait appeler "le paradoxe de Warburton". Un syndrome assez étrange qui ne frappe le XV tricolore que tous les quatre ans et qui consiste pour lui à affrontrer des accusations de favoritisme pour le moins étonnantes, pour ne pas dire à contre courant du mainstream rugbystique.
Quand on connaît la propension des joueurs Français et de leur supporters à soupçonner la gente arbitrale anglo-saxonne d'avoir pour les Bleus un a priori négatif, quand on relève le nombre de coups de sifflets qui ont provoqué un sursaut de paranoïa chez nos compatriotes, on se pince devant les cris d'orfraies poussés par les fans Gallois et une certaine presse pourtant généralement prompte à fustiger les voyous tricolores.
C'est même avec un certain amusement qu'on constate chez certains la faculté de mettre en avant un lien de parenté français chez Monsieur Rolland pour expliquer son carton rouge, tout en oubliant les liens culturels, linguistiques et autres qui unissent tous les arbitres dotés d'un passeport britannique avec les équipes qui affrontent le XV de France ou les clubs du Top 14 en coupe d'Europe tout au long de l'année.
C'est le jeu. On le sait. Mais il y a quelque chose d'assez ironique dans cette situation pour le moins à contresens de l'histoire ovale. Au passage, on peut relever que les accusations de favoritisme en coupe du monde sont finalement assez récentes, puisqu'elles ne concernent que les deux dernières éditions, les précédentes ayant plutôt été en phase avec les pratiques arbitrales les plus classiques (Cf. France-Angleterre 1991 ou France-Afrique du Sud 1995).
Et on comprend que les supporters Néo-Zélandais ou Gallois soient un peu déboussolés par ce revirement incongru qui a conduit des arbitres à prendre des décisions auxquelles ils n'ont pas été forcément habitués. Qu'ils se rassurent néanmoins. La balance est encore loin d'être à l'équilibre. Et gageons qu'il y aura bien des occasions pour remettre la France à sa place, à dix mètres...