Alors que la municipalité d'Auckland prépare déjà les caliquots de la fête annoncée, que les Néo-Zélandais ont déjà mis au frais leurs bouteilles de champagne (dont on peut penser qu'un certain nombre d'entre-elles ont été produites à des milliers de kilomètres de l'hexagone...), nos sales gosses du XV de France ruminent leur mauvaise humeur et débutent une montée en pression dont on espère qu'elle débouchera sur une saine réaction de révolte.
En attendant la confrontation de dimanche, les "Dindons insultants" (expression condensée des qualificatifs dont les médias kiwis ont affublé nos bleus) passent pour des loosers, pire, pour des imposteurs, qui ont pris la place d'une autre sélection beaucoup plus méritante, à savoir les Gallois.
Pour faire court, ces bleus sont considérés comme une bande de Jean-Claude Dusse, exerçant leur médiocrité depuis deux mois. Après les "Bronzés font du ski", voici en quelque sorte "Les Bronzés jouent au rugby". Nombreux sont désormais ceux qui les considèrent comme définitivement perdus.
Seulement voilà, c'est précisément dans cette situation que nos bleus sont à la fois les mieux à même de sortir une prestation d'anthologie et que leurs supporters, y compris les plus critiques, se prennent d'une solidaire affection pour eux.
La recette du miracle est assez simple dans son principe, beaucoup moins dans sa mise en oeuvre : perturber les rucks Néo-Zélandais, couper la relation entre les demis et entre les centres, et commettre un minimum de faute dans nos quarante mètres. Il faudra en outre convertir en points les quelques occasions qui s'offriront aux attaquants tricolores, en particulier si ces occasions arrivent en début de match. Enfin, il conviendra que Thierry Dusautoir et ses copains n'oublient pas qu'être menés au score ne sera pas rédhibitoire, si l'on en juge les précédents de 1999 et 2007.
Il faudra évidemment compter sur la réussite, une réussite qui jusqu'à présent n'a pas fait défaut aux hommes de Marc Lièvremont.
Si l'un de ces ingrédients venait à manquer, les chances de l'équipe de France de décrocher la timbale se réduiront sans doute. Mais il semble certain qu'à défaut de victoire, les joueurs du XV de France voudront néanmoins rappeler à tout ceux qui en doutent que malgré tout ce qu'on peut dire de ce groupe et du niveau qui est le sien actuellement (et ce avec raison), les grandes équipes ne meurent jamais. Quelle meilleure occasion de le démontrer sur les terres de Wilson Whineray qui, en 1961, glissa ces mots de réconfort à François Moncla après une lourde défaite des bleus ?
Et pour reprendre les propos de Jean-Claude Dusse, on aimerait dire à ce groupe : "Oublie que t'as aucune chance, vas-y, fonce !!".
Qui sait. Sur un malentendu, ça peut marcher...