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Tout est perdu, fors l'honneur

Publié le 23 octobre 2011 par Ansolo

Le coup passa si près. L'incrédulité devant le résultat de la finale de la coupe du monde cède désormais la place à un sentiment de regret, voire de frustation après avoir vu le XV de France échouer à un point des All Blacks.

"Four more years" dirait George Gregan, le légendaire demi-de-mêlée Australien. Quatre nouvelles années à espérer un titre qui se refuse toujours à la France. Et pourtant, aujourd'hui plus que jamais, le XV du coq a démontré qu'il faisait bien partie du gotha mondial et que l'absence de son nom au palmarès du trophée William-Webb-Ellis ressemble de plus en plus à une aberration sportive. Ce constat, qui sonne comme une évidence après la démonstration française du jour, apparaîtra incongru pour ceux qui n'y auront pas assisté, tant celle-ci fut aux antipodes des prestations, alternant le passable et le mauvais, du XV de France depuis le début de la compétition.

On s'inquiétait de savoir quel serait le niveau de l'équipe de Marc Lièvremont face à un adversaire aussi redoutable que les All Blacks. On espérait un sursaut. On eut une transfiguration. Rarement avons-nous pu assister à une mi-temps aussi remarquable des bleus que la deuxième de ce match contre des néo-zélandais réduits à serrer les dents (et leurs supporters une autre partie de leur anatomie).

Après l'essai encaissé à la 15ème minute sur une combinaison en touche à 5 mètre de leur en-but, les hommes de Marc Lièvremont ne se sont jamais affolé. Ils ont exercé, comme on l'espérait, une pression défensive tout à fait admirable de constance et de précision. Les Français se sont même payé le luxe de monopoliser le ballon pendant des séquences malheureusement improductive sur le plan du score. Menés 5-0 puis 8-0 à la 46ème minutes, les tricolores ont ensuite littéralement dominé leurs adversaires, des joueurs en noir de plus en plus livides, sans doute crispés par l'enjeu. Un essai de Thierry Dusautoir, comme en 2007, ramenait les bleus à un tout petit point des hôtes de la compétition.

Malheureusement, sur une pénalité lointaine, puis sur une touche non trouvée après pénalité, François Trinh-Duc n'est pas parvenu à faire passer les siens devant au score. C'est dommage car, comme on le dit communément, "il y avait la place". La sortie prématurée de Morgan Parra n'a finalement pas été préjudiciable aux bleus, tant l'ouvreur Montpelliérain était aujourd'hui au diapason de ses coéquipiers. Conduits par un Thierry Dusautoir de gala (a-t-il déjà joué à un tel niveau ? Peut-être en octobre 2007, à Cardiff...), les joueurs du XV de France ont (re)gagné le respect de tous ceux qui doutaient d'eux.

A la question de savoir ce qu'il a manqué à ce groupe pour pouvoir ramener le trophée à la maison, on peut avancer deux raisons. La première concerne l'arbitrage. Monsieur Joubert, Sud-Africain, a sans doute très largement influé sur le résultat final. Sans aller jusqu'à suggérer que la fédération Néo-Zélandaise lui offre la même montre en or que celle que son homologue Sud-Africaine donna à Monsieur Bevan pour ses bons et loyaux services lors de l'édition 1995, on pourra néanmoins considérer qu'il fut très prompt à sanctionner les Bleus et largement moins les Blacks, notamment sur les rucks et en mêlée. S'agissant des rucks, un handicap supplémentaire pour les joueurs de Marc Lièvremont résida dans le laxisme très "sudiste" de Monsieur Joubert, auquel les Français ne parvinrent pas à s'habituer.

Ce laxisme fut parfois tel qu'on eut l'impression que l'IRB avait dans la nuit précédente adopté un amendement au règlement autorisant Richie McCaw à faire à peu près tout ce qu'il souhaitait dans les regroupements.

Le déséquilibre des sanctions priva les tricolores de situations favorable à proximité de l'en-but néo-zélandais (quasiment aucune pénalité ne fut sifflée contre les Blacks à moins de quarante mètres de leur en-but) et aurait dû faciliter la victoire des favoris de la compétition. Mais il faut reconnaître que le manque de réussite au pied de Piri Weepu, ratant quelques pénalités faciles, a permis aux bleus de ne pas se laisser décrocher au score.

Au-delà de la problématique de l'arbitrage, qui n'explique pas totalement la défaite française, il faut sans doute pointer des lacunes dans le jeu tricolore. Ceux-ci ne purent que trop rarement porter le danger dans la défense adverse, furent parfois empruntés en attaque, ne sachant pas toujours trop quoi faire du ballon, et eurent des difficultés à gérer leurs temps faibles. Manque de repères collectifs, approximations offensives, voilà deux soucis auxquel Marc Lièvremont n'aura pas su remédier.

Au final, on arrive presque à s'étonner d'avoir des regrets devant la défaite tant ce match semblait perdu d'avance. On pensait que les Français n'auraient à opposer que leur révolte et  l'intensité de leur engagement, ils ont montré bien d'autres qualités. C'est à leur honneur et à celui du rugby de France.

Un honneur qu'on croyait perdu en chemin, quelque part entre le Canada et les Iles Tonga. Il est retrouvé. Ce n'est peut-être pas grand chose, au regard de l'occasion ratée de rentrer dans l'histoire. Mais pour nous, c'est déjà énorme.


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