sonnet
je
moi
je
moi
moi
je
moi
je
je
je
mien
mien
mien
je
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école de la poésie
je ne suis pas un doux poète
je suis le preste troublion
de l’amour, vois la haine au-dessous
et au-dessus une action caquetante.
la lyrique est la mère de la politique,
je ne suis qu’un criailleur de rebellion
et ma mystique est la pâture pourrie
du mensonge par laquelle la vertu se guérit.
J’annonce que les poètes de velours
se meurent farouches et humanistes.
désormais s’ouvrira la gorge chaude
de fer des mélodieux bourreaux émus.
encore moi, qui habite ce recueil
fait comme un rat, j’aspire à l’égout
de la révolution et crie : rats rimeurs, huez,
huez encore cette trop belle école de poésie.
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la chair s’est faite verbe
maintenant aussi les cages de la poésie
s’ouvrent à nouveau pour le bestiaire de miró
une puce une bonne-basse-fosse un hanneton
se prennent les tentacules dans le langage
ô cadastre de rêve vatican sensible
maintenant errent nombre de dévots dans votre terrarium
et grenouille rigide soufflant sur les vêpres
toute une ère – sombre comme des banques
sous un ciel d’orage – bruissant de rumeurs d’inflation
mais la nuit les canons de leurs langues s’éveillent
et les grenades de leurs cris coassent et
passent au-dessus du bois gelé
sur les yeux des enfants froids
et pitoyables s’accroupissent autour des abris de leurs lèvres
là déjà crépite le squelette de la crèche
il y a un messie à l’intérieur le corps traversé
par cinq entonnoirs de balles pour un piège à clous
les larmes de la mort
les asticots de cristal
Lucebert, apocryphe, Le Bleu du ciel, 2005
Note bio-bibliographique
[Jean-Pascal Dubost]