Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. C’est aujourd’hui le bicentenaire de la naissance d’Evariste Galois, brillant mathématicien français mort en duel à l’âge de vingt ans. Petit retour sur la vie et l’oeuvre de cette météorite.
Evariste Galois est donc né le 25 octobre 1811, à Bourg la Reine, comme le rappelle l’excellent ouvrage « La vie d’Evariste Galois« , le petit livre rédigé par Paul Dupuy (ancien directeur de l’ENS) en 1896 et paru aux éditions Gabay. Elevé par sa mère jusqu’à l’âge de 12 ans, il rejoint ensuite l’internat du Lycée Louis-le-Grand. Là, il découvre les mathématiques, et s’y distingue à la fois par son talent, mais aussi par son manque d’intérêt pour certaines matières.
Evariste Galois se présente au concours de l’Ecole Polytechnique qu’il manque par deux fois, la seconde fois en jetant le chiffon à la tête de l’examinateur qui n’a pas compris ses propos. C’est la grande déception de sa vie. Il se retourne alors vers l’Ecole préparatoire, ancêtre de l’Ecole Normale Supérieure. Révolutionnaire dans l’âme, épris de justice, il regrette que sa présence à l’Ecole préparatoire l’empêche de participer aux Trois glorieuses, auxquelles nombre de polytechniciens prendront part. Son opposition au directeur de l’Ecole préparatoire aboutit à son renvoi définitif. Galois, s’engage dans l’artillerie, se met à fréquenter des opposants au régime en place, fait de la prison à Saint-Pélagie, s’éprend d’une fille de petites moeurs et finit par se retrouver provoqué en duel par deux de ses anciens amants. Une balle lui perforera l’intestin, et le jeune mathématicien achève sa courte vie sur une péritonite.
Là s’achève le volet biographique. Comment un individu à la vie aussi courte peut-il être considéré comme l’un des plus grands mathématiciens de tous les temps? C’est que pressentant sa dernière heure venue, Galois a mis par écrit la veille de son duel quelques dizaines de pages où il pose les fondations de nouvelles théories (Galois travaillait, semble-t-il, couramment de tête). Galois avait bien essayé de proposer ses articles à d’éminents savants de son époque (Cauchy, Fourier), ces derniers ont apparemment chacun égaré les manuscrits qu’il leur avait confiés. Du coup, il fallut une quinzaine d’années pour que le travail de Galois soit enfin publié et reconnu pour son apport.
A quoi s’était intéressé Galois? Le mensuel Pour la science propose un excellent article sur le sujet. Galois s’est intéressé à la résolubilité des équations par radicaux: en gros, il a le premier mis le doigt sur les techniques permettant d’établir si une équation dispose de solutions. Il a également donné son nom à la théorie de Galois, dont les applications les plus concrètes sont apparues bien des années plus tard: ce sont les techniques de cryptographie modernes (cryptographie asymétrique). Ainsi, à chaque fois que l’un d’entre nous effectue un achat sécurisé sur Amazon ou ailleurs, il rend sans le savoir un vibrant hommage à l’une des personnalités françaises les plus étonnantes du XIXe siècle.
A lire:
La vie d’Evariste Galois, par Paul Dupuy