Magazine Cinéma
Stake Land aurait mérité une sortie en salles. Largement. Lorsque l’on survole un peu les récentes sorties cinéma du genre vampirique (les fades Nous sommes la nuit & Daybreakers, ou les gentillets Twilight), on se dit que c’est même carrément injuste. Car, avec son atmosphère crépusculaire, et sa bestialité post-apocalyptique assumée, Stake Land est une petite bombe dans le paysage horrifique. L’histoire est basique : un orphelin de 16 ans et un Mad Max des temps modernes (Nick Damici, co-scénariste du film) sillonnent les routes infestées de vampires, de cannibales et de méchants fanatiques de Dieu ; le traitement, lui, ne l’est pas. Jim Mickle (à qui l’on doit Mulberry Street) lorgne du côté d’Hillcoat côté photo, Malick côté nature souveraine, et The Walking Dead côté survival en groupe. Que du bon. En plus d’offrir une alternative réjouissante aux produits commerciaux distribués en salles, le film confirme, à l’instar du Grace de Paul Solet ou de la trilogie scandinave Cold Prey, que le meilleur de l’horreur se trouve à l’heure actuelle dans les rayons DVD.
C’est un film de vampires, oui. Bourré de références, oui. Mais il n’est pas comme les autres. D’abord, il mélange subtilement les genres, empruntant des codes à droite à gauche (néo-western, drame, gore, road movie) pour ne suivre que le sien- le désespoir et la violence en bandoulière. Ensuite, hormis le mini faux pas final (avec un New Eden en eldorado canadien cliché, et ce sous-entendu biblique déplacé), Stake Land est une œuvre captivante, visuellement très étudiée, tirant une beauté esthétique indéniable de ses décors, alors même qu’elle est méchamment fauchée. Ce plan-séquence qui vient foudroyer le film, et les espoirs des héros, en balançant des vampires du ciel sur une communauté prônant les rires et l’harmonie, est d’une rare intelligence. En une seule scène (par ailleurs, saisissante), Mickle tient entre ses doigts le passé (le mouvement hippie vs la guerre du Viêt Nam), le présent (le terrorisme) et le futur (…) de l’Amérique, et d’une société toute entière, au bord de l’implosion.
Dispo en DVD depuis le 4 octobre 2011.