Certains spectacles ont des titres d’une évidence qui surprend. « Ça va pas se faire tout seul » est de ceux-là. Parce que Jules se croit seul, dans sa loge, et qu’il a besoin de courage pour aller « au travail ! », et cette injonction lui est répétée par René, son ombre, sa conscience, son alter ego. Il n’est plus seul. Et c’est ainsi que, petit à petit, il va trouver l’énergie pour jouer le spectacle. Toute la première partie se déroule dans cette intimité. Il y a bien des jours où chacun d’entre nous doit se prendre par le col, se botter les fesses pour faire ce qu’il y a à faire. Et ça ne va pas toujours de soi !
Et puis, ça y est, le clown se maquille, s’affuble d’une perruque et d’un chapeau pointu. On y est.
Le public y était déjà, et riait depuis le début. La précision des effets (portemanteau, chaise, chapeaux, assiettes, malle, jeux de mots, eau, mousse) force l’admiration puisqu’on ne voit pas le travail, seulement le résultat. Exactement comme on apprécie le travail d’un artisan d’art. Et la dernière image qui nous fait prendre l’eau pour un feu d’artifice a de quoi réjouir la fin de la soirée, quand, rentrant chez soi, on garde au chaud ces moments où on a ri ensemble.
J’ai vu ce spectacle à La Rotonde de Moissy-Cramayel (77). J’y suis allé par les transports en commun. Peu de bus en soirée, mais, à l’aller comme au retour, j’ai rencontré des gens qui m’ont proposé de m’emmener en voiture, le premier de la gare à la salle de spectacle, les autres de la salle de spectacle à la gare. C’est aussi cette entraide parfois, la banlieue parisienne.