La Boyitaest une caravane qui abrite les aventures d’une petite fille Jorgelina. En grandissant, les émois amoureux, les émotions à fleur de peau, le besoin d’intimité se dévoilent doucement. Ju la soeur de l’héroïne en connaît les premiers symptômes et demande un côté à elle, laissant une part de l’enfance derrière elle. Le film présente le lien pendant un tiers de son histoire. Il pose les bases du questionnement de la petite J. de sa quête de comprendre les changements qu’elle voit poindre chez Ju (les tenues, la poitrine mise en valeur dans des petits hauts, les sorties entre copines avec espoir de croiser des garçons).
Jorgelina part à la campagne chez son père médecin. Elle découvre un autre univers. Et Mario. Mario un garçon qui intrigue. J’ai été complètement estomaquée par son interprétation. Les relations naissantes, les échanges, la découverte des corps, les aspects de l’enfance qui quitte son monde insouciant pour rentrer dans le monde des adultes sont dépeintes joliment à travers les yeux des deux héros. Une histoire d’amitié teinté d’amour, le lien entre les 2 est fragile, c’est une relation superbe, loin de tout, qui libère les Jorgelina et Mario de leur vie quotidienne. L’un et l’autre sont l’encre de l’autre, ils apportent une touche gentillette à la dureté des paysages et personnages ruraux.
La puberté vu à travers une fillette de 9/11 ans avec les interrogations sur les règles, les seins qui poussent, les interrogations face aux attitudes des autres. Le regard des grands, les limites à ne pas dépasser, les mots lâchés tout est installé d’une manière simple, sans violence, avec une superbe mise en scène sur les mystères existant sur l’identité sexuelle des êtres. Surtout sur celle de Jorgelina et Mario. Les saignements font naître une multitudes de questions, j’avoue que j’ai été surprise du dénouement.
Sans spoiler, je ne m’attendais pas du tout à cette révélation. Je ne l’ai pas du tout vu venir. Mon esprit était parti dans un secret plus tortueux. L’éveil et les émois des deux protagonistes est montrée avec délicatesse, brio et charme. Les dialogues, les séparations filles/garçons, les épreuves pour devenir un homme bouleversent, donnant une vision du monde des adultes pas toujours agréable. Les enfants ont une manière moins dure de voir l’univers. Jorgelina a des très bons mots, des phrases qui sont pleines de tendresse, de grands « et alors » face à la situation de Mario. A tel point, que j’ai eu envie d’avoir encore cette innocence, cette façon d’apprécier les autres sans les influences de l’extérieur. Loin de la noirceur, des idées préconcues, du machisme des adultes, dans une bulle où l’on aime une personne pour ce qu’elle est au fond.
Le Dernier été de la Boyita s’avère un film sur l’enfance tendre, émouvant, malgré des longueurs, des paysages, des non-dits en dévoilent parfois plus que des discours. Une grosse partie du charme de l’oeuvre de Julia Solomonoff repose sur ses deux jeunes acteurs: Nicolas Treise et Guadalupe Alonso. Les corps se modifient avec les années, mais l’esprit aussi. Les regards des enfants ont une intensité qui soulèveraient des montagnes.
3 Moop raisons de voir le dernier été de la Boyita:
L’enfance abordé par le regard d’une petite fille sur fond de magnifiques paysages
La différence, la découverte sexuelle des corps montrée par les yeux d’un enfant
Une vision du monde de l’enfance qui donne envie de rester avec ses yeux de 9 ans
3 Moop raisons de fuir le dernier été de la Boyita:
Des longueurs
Des interrogations, des idées préconçues qui étouffent
Action se limitant à l’univers de Jorgelina, monde intimiste parfois trop oppressant.
Note: 7/10
disponible en DVD le 25 octobre 2011