Première publication du texte : 13/02/2008
Lors de notre rencontre avec Paul Thomas Anderson, nous avions conscience, alors même que nous n'avions pas encore vu There Will be Blood, d'être face à un authentique génie. Il y avait de quoi être impressionné et nous l'étions. Quelques heures après, à l'issue de la projection du film, nous étions encore époustouflé par la grandeur manifeste de ce chef d'oeuvre certain.
Il y aura du sang. La promesse du titre n'est pas déçue mais ce n'est pas à proprement parlé l'idée du film. Paul Thomas Anderson dresse en un peu plus de deux heures le portrait d'un pétrolier pionnier dans son domaine, et dont la foi en l'humain est ébranlée par des convictions plus clairement identifiables et matérialisées par le pétrole et les dollars qu'il rapporte. Au sens strict, Daniel Plainview a depuis longtemps avant le début du film vendu son âme au diable.
L'équilibre, Daniel Plainview le trouve auprès de son fils d'abord. Le basculement intervient d'ailleurs au moment précis ou le drame affecte ce noyau familial. Un drame qui met en lumière la prédominance naturelle pour Plainview des affaires sur l'humain. Mais une fois les affaires consolidées, la famille reprend en surface le dessus. Le destin de son fils va dès lors affecter durablement, jusqu'à la fin même, son sort personnel, jusqu'à précipiter son déclin. Lorsque le fils disparaît brièvement, un frère fait son apparition qui permet d'entretenir cette fibre familial, seul rempart contre sa folie. Daniel Plainview est un être qui porte la tragédie en lui parce qu'il a sacrifié son âme au profit de la seul chose qu'il sait finalement faire, exploiter le pétrole des terres. Cette tragédie, il en a conscience comme nous le prouve cette séquence-monologue au coin du feu dans laquelle il commente sa haine de l'humain, mais elle le tiraille, elle le détruit peu à peu.
There will be blood est un film somme, un authentique tour-de-force cinématographique. Paul Thomas Anderson adapte sa mise en scène à son sujet mais elle reste ambitieuse, audacieuse et pourtant discrète. La photo de Robert Elswit, la musique de Jonny Greenwood s'accordent et participent à cette grandeur incarnée à l'écran par Paul Dano et Daniel Day-Lewis. Le cinéma dans ce qu'il a de plus noble, de plus puissant.
Benoît Thevenin
There Will Be Blood - Note pour ce film :
Réalisé par Paul Thomas Anderson
Avec Daniel Day-Lewis, Paul Dano, Kevin J. O'Connor, ...
Année de production : 2007