Je suis vraiment une terrible tenancière de blogue : parmi mes principaux défauts il y a sans aucun doute le très évident manque d’assiduité, des billets trop peu travaillés et le re-manque d’assiduité. N’est-elle pas plus qu’évidente cette poussière accumulée sur le titre de mon dernier billet?
Je pourrais très certainement écrire trois billets en un… mais la cartésienne en moi a beaucoup trop peur de s’entremêler dans ses propres propos (et que dire de l’inquiétude que je me fais pour ceux qui liront ce billet trop-tout garni). Alors un peu de discipline et allons-y une chose à la fois, la première étant avant tout, un petit retour sur mon demi marathon de Montréal. Car oui, c’était là que l’histoire en était rendue (bon je sais, c’est déjà has been comme histoire… mais faut ce qu’il faut et si je veux parler du futur, j’ai un peu de rattrapage à faire ici et là).
Alors, cette longue course dans les rues de Montréal… comment c’était vous demandez-vous?
Vous avez un peu de temps? Aimeriez-vous un petit café avant de commencer?
Que dire de cette course? Je ne pourrai cacher qu’à la veille de celle-ci, j’étais vraiment découragée. Non! En fait, j’avais (très) peur. Les jours avant le marathon (ceux qui étaient en préparation en garderont probablement un souvenir marquant), la température s’est mise à grimper de manière vertigineuse sur les thermomètres du Québec, le taux d’humidité (son meilleur ami) l’a bien évidemment suivi lui aussi. Après un chaud été à m’entrainer sous le signe de la sudation excessive et de la soif jusqu’à plus capable, cela n’aurait pas du me faire faire du mouron outre mesure… mais la chose était que les températures avaient pas mal baissées depuis quelque temps et que tout le monde sait qu’on s’acclimate beaucoup mieux à la petite fraîche du début de l’automne, qu’aux grosses chaleurs de juillet. C’était donc dire que j’avais la ferme impression d’avoir perdu toutes mes facultés de coureuse par temps chaud… et que le demi sous ces conditions, commençait à me faire drôlement peur. Avec un objectif un peu agressif en tête, je savais qu’il y avait des possibilités de circonstances extérieures à mon contrôle qui pourraient jouer sur ledit objectif (et son atteinte ou non) … mais malgré cette préparation mentale, j’étais un peu (euh, beaucoup) déçue (et même fâchée) à l’avance – impossible de faire le temps visé cette fois-ci que je me disais, dame nature n’étant pas de mon côté!
Bleh.
La chaleur et l’humidité m’ont, bien entendu, fait douter assez intensément sur ma stratégie d’hydratation. J’ai toujours fait mes longues distances (en entrainement et en course) avec ma ceinture d’hydratation et je commençais à avoir hâte de faire un demi sans trainer ce poids supplémentaire. Mais là, avec la météo annoncée, il n’était plus aussi évident pour moi de décider si j’allais courir avec (et surtout sans) ma ceinture. J’ai viré et reviré le sujet dans tous les sens, quelle brutale décision à prendre. Voir que j’avais besoin de ce stress supplémentaire!! C’est finalement 2hrs avant le départ que j’ai décidé (sur un de coup de tête) de prendre un risque (moi qui n’aime pas trop l’inconnu) et c’est sans ma ceinture que je me suis pointée à la ligne de départ (et ce malgré le fait que le premier point d’eau soit à quatre kilomètre du départ, ce qui me paraissait trop loin par cette chaleur). C’était rendu clair dans ma tête: au diable l’objectif, cette course sera une grosse répétition pour le Seacoast half marathon de novembre prochain.
10h00, me voilà sur le pont. Il y a de l’électricité dans l’air. C’est avec un peu de difficulté que je m’approche du lapin de 1h45 (mais pas de trop proche quand même). Étant petite, tout le monde pense qu’il y a un trou de libre dans la foule et on me bouscule pour prendre ma place (euh, non, pas vraiment mon grand tata, je suis là… que mes yeux leur répondent). 10h25, le départ est éminent. Il y a des centaines de gens qui m’entourent… ça s’enfile des gels, ça installe leur lecteur mp3, ça entre dans leur bulle… ça sourit un peu nerveusement. 10h28, je mets mes écouteurs à mon tour. Hung up de Madonna me bourdonne dans les oreilles… « time goes by, so slowly… » oui, c’est comme ça que je me sens. Des fourmis dans les jambes. Je ne me peux plus que le coup d’envoi soit donné… je veux courir!
POW! Le départ est donné. Environ deux minutes après celui-ci, je traverse le tapis chronomètre. Je cours enfin! Je grimpe avec aplomb et détermination cette première côte sur le pont… je suis à la fois émue et fascinée par le son de ces milliers de pieds qui foulent l’asphalte suspendue! C’est grisant! Deuxième kilomètre, j’ai une allure moyenne à 4:36/k… petit rappel à l’ordre! Kilomètre 4, un premier ravitaillement en eau! J’arrive à boire (en trottinant) un grand verre d’eau et ce sans même me noyer par le nez! Succès, sur toute la ligne. Petite montée de confiance (ne venais-je pas tout juste de survivre le plus long bout de tout le parcours sans eau, sans me noyer?)! C’est un peu flou cette course. Je n’ai pas de souvenirs très précis de celle-ci. Que des « flash » ici et là, comme si ma tête et mon corps ne faisait qu’un. Je cours, je ne pense plus vraiment. Ma tête est occupée à aider mon corps pour qu’il avance, comment pourrait-elle se mettre à réfléchir à tout et rien? Je suis dans ma bulle, je suis bien. Je cours à une très bonne allure, je me ravitaille en eau avec facilité et je cours encore. Au onzième kilomètre, je manque le point d’eau et je sais que je devrai attendre au quatorzième… 5 km sans boire et même pas inquiète. Je cours. Je marche de 30 sec à 1 minute ici et là (8 fois en tout). J’en profite parfois pour boire plus et mieux, à mi-chemin pour prendre un gel et aussi pour me recentrer, me requinquer. Vers le 14ième kilomètre, j’ai parfois des frissons qui me parcourent tout le corps. Émotion ou manque d’énergie? Je ne sais pas trop. Je cours! Kilomètre 16, nous sommes tout près de tourner pour la rue Pie IX. C’est rempli de gens qui applaudissent, crient nos noms et nous encouragent. Là, c’est définitivement un frisson d’émotion. Après un premier demi-marathon dans les rangs de campagne de Châteauguay, c’est un choc de voir autant de gens sur le parcours! Je cours. Je chemine sur la fameuse… la rue Pie IX, celle-là même qui rebute tout le monde à ce stade de la course. Étrangement, elle ne me dérange pas. Je suis beaucoup plus perturbée par tous ces marathoniens complètements épuisés. Ils sont étendus par terre ou ils marchent comme des zombies. C’est triste et du même coup, je sais que c’est une partie de la « game ». Je cours. J’arrive en haut de Pie IX et je sais que le reste du trajet descendra tout doucement jusqu’à la ligne d’arrivée. J’essaie de garder une allure constante. J’ai envie de pousser, mais j’en suis incapable. Je me dis que je mettrai toute la gomme sur le dernier kilomètre! Et le voilà… ce dernier droit. La rue Sherbrooke est bondée de gens. Je cours. J’entends mon nom, je les vois ♥… une énergie nouvelle m’habite et je me mets à courir plus vite. Il ne reste que quelques centaines de mètre… et bang! la ligne d’arrivée est là, sous mes pieds.
1h51m47s
Je visais un temps de 1h48. Échappé de peu. Suis-je déçue? Pas le moindrement. J’ai tout donné ce qu’il y avait de disponible pour ces conditions, ce parcours. Je suis fière de moi car malgré des conditions pas faciles, je ne me suis jamais demandé ce que je faisais là. Mon mental a été fort comme jamais. J’ai couru avec un plaisir renouvelé à chaque kilomètre avalé. Là se loge toute la victoire de cette course. Courir pour le plaisir.
Avec ce deuxième demi-marathon derrière la cravate, je prends tranquillement confiance en mes capacités. Le demi-marathon du mois de novembre (au New Hampshire) approche à grand pas et il me semble de plus en plus possible d’aller sous les 1h50! Les derniers entrainements montrent bien que j’ai acquis de la vitesse et que ma forme physique est bonne.
Le mental lui, ne demande que ça, courir…