La présidente argentine a été réélue de manière magistrale, provoquant un écart avec ses concurrents que nous n'avions jamais connu dans toute l'histoire de l'Argentine.
Cristina Kirchner a obtenu pratiquement 55% des suffrages, provoquant un écart considérable face à son plus proche challenger, le socialiste Hermes Binner qui n'a obtenu que 17% des voix. Devant des milliers de supporters enthousiastes depuis le palais présidentiel de la Casa Rosada, Cristina Kirchner a exprimé sa joie et sa vive émotion: " Suite à ce que le peuple a décidé, vous pouvez compter sur moi pour continuer le projet national qui touche 40 millions d'argentins."
L'objectif du projet incarné par Cristina Kirchner est de changer la société Argentine en profondeur, en utilisant les ressources économiques du pays pour augmenter les salaires, créer des emplois, remettre en marche l'industrie du pays et réduire la pauvreté tout en créant les conditions d'un boom économique qui font de l'Argentine l'une des plus belles croissances économiques du monde actuel. Depuis qu'avec son mari, le défunt Nestor Kirchner, elle a prise les rênes du pays en 2003, l'écart entre les riches et les pauvres s'est réduit de moitié.
Selon le co-directeur du centre économique de Washington, le triomphe de dimanche soir de Mme Kirchner est une leçon pour Barack Obama et les pays occidentaux: " j'espère qu'Obama a suivi ça et peut en tirer des conclusions. C'est un vieux message envoyé aux vielles démocraties: vous faites ce que vous avez promis et les gens voteront pour vous. Malheureusement, c'est un message souvent oublié aux Etats-Unis et en Europe." Cristina Kirchner est la première femme en Amérique Latine dont le mandat est renouvelé.
Une réélection quelque peu ternie par le 1er anniversaire de la mort de Nestor Kirchner, décédé d'une crise cardiaque le 27 Octobre 2010: " C'est une belle victoire mais qui a un goût amer," avoue la présidente. " l'homme qui a transformé l'argentine nous a mené jusqu'ici et il a tout donné pour son pays. Sans lui, sans ses valeurs et son courage, il n'aurait jamais été possible de transformer ce pays. J'aime profondément mon pays. Et je me sens responsable du peuple argentin." Outre la présidence, la coalition politique autour de Cristina Kirchner devrait reprendre le contrôle du congrès, perdu lors des élections de 2009.
En attendant, Cristina Kirchner a choisi un jeune vice-ministre de 48 ans, Amado Boudou, qui pourrait bien devenir le futur président argentin dans 4 ans. Ce célibataire endurci s'est présenté hier sur scène avec la première dame d'argentine, vétu tout simplement d'un jean, d'un t-shirt et d'un blouson en cuir noir qui sied bien à cet amoureux d'Harley Davidson. On n'ose même pas imaginé un politique français habillé de la sorte un soir d'élection...
En compagnie de Boudou, Mme Kirchner a mené une politique de relance qui devrait faire réflechir l'Europe et notamment le couple Sarkozy-Merkel: elle a nationalisé les pensions privées et utilisé les réserves de la banque centrale pour accroître les dépenses du gouvernement plutôt que d'instaurer des mesures d'austérité. Mme Kirchner a préféré jouer la carte du petit citoyen argentin que de l'actionnaire, voilà une leçon à méditer...
Si les opposants de Mme Kirchner l'accusent de truquer les chiffres de l'inflation et d'être incompétente en matière de sécurité (l'insécurité reste un fléau à Buenos Aires), c'est bien elle qui sera de nouveau intronisé présidente lors d'une cérémonie le 10 Décembre prochain. Elle est bien consciente du défi qui l'attend pour les 4 prochaines années: " l'Argentine doit évoluer, continuer à grandir. C'est de cette Argentine dont je rêve, avec une continuité au niveau des projets politiques."