Cette étude de la Harvard School of Public Santé (HSPH) vient démontrer que l'exposition in utero peut être bien plus nocive que l'exposition durant l'enfance. Elle montre en effet que cette exposition gestationnelle, en particulier des filles, est associée à de nombreux troubles du comportement et à des problèmes émotionnels. Des conclusions publiées dans l'édition en ligne du 24 octobre de la revue Pediatrics qui viennent alourdir encore le dossier du BPA.
Les auteurs rappellent que le BPA est un produit chimique utilisé pour fabriquer des contenants en plastique et autres biens de consommation et que la plupart des personnes vivant dans les pays industrialisés sont exposés au BPA. Le BPA a déjà été associé, dans plusieurs études précédentes, comme un perturbateur endocrinien chez les animaux et a été lié aux maladies cardiovasculaires et au diabète chez l'Homme. Dans une étude de 2009, des chercheurs d'Harvard avaient déjà montré que la consommation d'eau conditionnée dans des bouteilles en polycarbonate augmentait le niveau urinaire de BPA. En France, le 13 octobre, une mesure d'interdiction d'utilisation du BPA dans l'ensemble des contenants alimentaires a été votée à l'Assemblée nationale. Si entérinée, la mesure s'appliquera dès 2013.
Cette étude menée par des scientifiques de la Harvard School of Public Health (HSPH), du Children's Hospital de Cincinnati et de l'Université Simon Fraser de Vancouver a porté sur les données de 244 mères et de leurs enfants à l'âge de 3 ans, participants à une étude cohorte de Cincinnati, la Health Outcomes and Measures of the Environment Study. L'auteur principal, Joe Braun, chercheur en santé environnementale à l'HSPH, et ses collègues ont analysé 3 échantillons d'urine pendant la grossesse et à la naissance, testés pour le BPA et les enfants ont été également été testés chaque année de 1 à 3 ans. Les mères ont rempli des questionnaires sur le comportement de leurs enfants à l'âge de 3 ans.
Les scientifiques constatent que l'exposition gestationnelle au BPA est associée à davantage de problèmes comportementaux à l'âge de 3 ans, en particulier chez les filles. « Aucun des enfants n'a montré de comportement cliniquement anormal, mais certains enfants présentent des troubles du comportement plus que d'autres. C'est pourquoi, nous avons examiné la relation entre l'exposition in utero au BPA et ces différences de comportement ».
Le BPA a été détecté dans plus de 85% des échantillons d'urine des mères et plus de 96% des échantillons d'urine des enfants. Les chercheurs constatent que les concentrations maternelles de BPA étaient similaires entre le premier échantillon et l'échantillon à la naissance. Les niveaux de BPA des enfants diminuent de 1 à 3 ans, mais s'avèrent plus élevés et plus variables que ceux de leurs mères. Après ajustement pour les autres facteurs, les concentrations gestationnelles en BPA s'avèrent associées à un comportement plus hyperactif, agressif, anxieux et déprimé et un manque de contrôle émotionnel et une inhibition, chez les filles. Une association qui n'est pas constatée chez les garçons.
L'étude confirme donc que l'exposition in utero peut avoir un impact neurocomportemental et que les filles semblent être plus sensibles au BPA que les garçons.
Source: Pediatrics published October 24, 2011 doi: 10.1542/peds.2011-1335 “Impact of Early-Life Bisphenol A Exposure on Behavior and Executive Function in Children” (Visuel Anses)
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