Je ne sais pas si on doit dire série (série induit l’idée d’un enchainement, d’une suite) ; plutôt une répétition qui ressemble à un épuisement. Une sorte de sur-place. Il ne s’agit pas tant de variations (comme l’on s’attacherait aux variations de points de vue ou aux variations de la lumière dans le temps), mais d’une attention renouvelée à une seule et même chose : comment le monde fait image sous le regard. Ou une tentative d’épuisement qui ressemblerait parfois à combler une brèche dans laquelle le visible fuit s’il n’est pas saisi. La phrase immense de Benjamin s’appuyant sur Dante : « image du passé qui s’évanouit avec chaque présent qui n’a pas su se reconnaître visé par elle ». « Comment le monde fait image », « faire-face » du monde que le tableau donne à voir parce qu’il en restitue l’expérience. Chaque fois tenter de saisir ce moment où les choses s’assemblent en une image, surprendre la formation d’une image en soi, le moment où l’image prend forme tandis que déjà elle échappe. Dans l’élaboration du tableau il y a ce « chercher à voir », dans sa constitution progressive et difficile parfois, cette levée du regard dans l’image. Bientôt il ne s’agit plus que de rendre cette excessive évidence et l’aveuglement simultané dont elle est la cause. L’hésitation de chaque partie à se fondre dans l’indéterminé ou à se détacher du reste. L’image dans sa compacité même semble au bord de la dissolution. Car ce qui s’approche dans chaque image, c’est l’expression d’un lointain, aussi proche soit-il. D’un inatteignable. Comme l’image de l’horizon se forme à distance. C’est le regard se décollant du monde pour voir l’image, comme décoller la main du plâtre révèle l’empreinte sinon demeurée dans la nuit du contact.
Je ne sais pas si on doit dire série (série induit l’idée d’un enchainement, d’une suite) ; plutôt une répétition qui ressemble à un épuisement. Une sorte de sur-place. Il ne s’agit pas tant de variations (comme l’on s’attacherait aux variations de points de vue ou aux variations de la lumière dans le temps), mais d’une attention renouvelée à une seule et même chose : comment le monde fait image sous le regard. Ou une tentative d’épuisement qui ressemblerait parfois à combler une brèche dans laquelle le visible fuit s’il n’est pas saisi. La phrase immense de Benjamin s’appuyant sur Dante : « image du passé qui s’évanouit avec chaque présent qui n’a pas su se reconnaître visé par elle ». « Comment le monde fait image », « faire-face » du monde que le tableau donne à voir parce qu’il en restitue l’expérience. Chaque fois tenter de saisir ce moment où les choses s’assemblent en une image, surprendre la formation d’une image en soi, le moment où l’image prend forme tandis que déjà elle échappe. Dans l’élaboration du tableau il y a ce « chercher à voir », dans sa constitution progressive et difficile parfois, cette levée du regard dans l’image. Bientôt il ne s’agit plus que de rendre cette excessive évidence et l’aveuglement simultané dont elle est la cause. L’hésitation de chaque partie à se fondre dans l’indéterminé ou à se détacher du reste. L’image dans sa compacité même semble au bord de la dissolution. Car ce qui s’approche dans chaque image, c’est l’expression d’un lointain, aussi proche soit-il. D’un inatteignable. Comme l’image de l’horizon se forme à distance. C’est le regard se décollant du monde pour voir l’image, comme décoller la main du plâtre révèle l’empreinte sinon demeurée dans la nuit du contact.