Concernant les alliances entre le PS et le MoDem lors des municipales, Laurent Fabius demande à son parti d’avoir "ligne claire", c'est-à-dire qu’"il y a des conditions qui doivent être mises, sinon ce serait un opportunisme et l'opportunisme ne mène jamais à rien".
En voilà un conseil de bon sens, denrée décidément trop rare rue de Solferino depuis déjà trop longtemps. Surtout que l’ancien Premier ministre ajoute justement que "le PS ne doit pas être à la remorque des autres" mais plutôt "rassembler l'ensemble de la gauche, et certains autres s'ils partagent notre sentiment". On imagine cependant déjà le casse-tête tant idéologique que technique que pourraient représenter des listes, voire des majorités, allant de LO au MoDem… à moins qu’il faille y voir l’ouverture sarkozienne revue et corrigée par les socialistes.
Toutefois, il est amusant (ou à pleurer c’est selon) d’entendre celui qui fut successivement le Premier ministre qui a ratifié l’Acte unique européen, le ministre de l’Economie des Finances de Lionel Jospin prônant les baisses d’impôts et les privatisations à tous crins, puis l’homme du Non au traité constitutionnel et la candidat gauchisant à la primaire du PS avant de finir en apôtre de "l'économie sociale-écologique de marché", demander une "ligne claire" tout en rappelant que "l'opportunisme ne mène jamais à rien".
En effet la seule ligne claire que connaisse Laurent Fabius est celle de son ambition présidentielle, même et surtout si le chemin doit être tortueux. Mais il faut lui reconnaître qu’il est bien placé pour assurer haut et fort que "l'opportunisme ne mène jamais à rien"… si ce n’est à la tête (après les municipales) de la communauté d’agglomération de Rouen après que le titulaire du fauteuil, l’un de ses proches, François Zimeray, lui ait laissé la place en étant nommé ambassadeur pour les Droits de l'Homme… par Nicolas Sarkozy. Il faudrait être vraiment malintentionné pour oser y voir autre chose qu'une ligne parfaitement claire et une absence totale d’opportunisme.
Pendant ce temps-là à l’UMP la ligne est elle aussi totalement claire : tout faire pour remporter l’Oscar des plus mauvais dialogues pour la suite du grand succès "Casse-toi pauvre con ! ", qui même sans la présence de Nicolas Sarkozy a fière allure avec notamment Yves Jégo, qui espérons-le n’a pas compris la portée insultante de ses paroles, lorsqu'il justifie la vulgarité du chef de l’Etat en affirmant que "la réaction du président de la République est une réaction humaine : il a fait en sorte d'être compris par son interlocuteur".
Un bien bel exemple de respect de ses concitoyens donné par le porte-parole de l’UMP qui explique ainsi que pour être compris par les Français il faut les insulter…