De passage à Paris, Joseph Stiglitz, chef de file des néokeynésiens et prix Nobel d'économie 2001, s'est entretenu aux Echos. Il estime que le mouvement Occupy Wall Street exprime le sentiment d'injustice ambiant envers un secteur financier dont "la contribution nette à la société américaine est négative". Il estime que l'incapacité de Barack Obama à réguler la finance américaine est un de ses échecs majeurs. Cependant, Stiglitz est un peu léger, par exemple, quand il parle du "sentiment d'injustice"des citoyens à l'égard de Wall Street. Ce n'est pas qu'un sentiment, Joseph ! Extraits.
Vous êtes allé soutenir les Indignés de Wall Street la semaine passée...
Oui. Et je vais vous raconter une anecdote à cet égard. Quand je suis allé rendre visite au mouvement "Occupy Wall Street", j'ai voulu prendre la parole. Or, les policiers m'ont interdit d'utiliser un mégaphone ! Alors que c'était un dimanche et que personne n'habite là ! Il y a trop de régulation contre la démocratie, mais pas assez contre Wall Street.
Considérez-vous que l'on n'est pas assez exigeant avec les banques ?
Il faut faire la différence à mon sens entre l'Europe et les États-Unis. Chez nous, puisque nous leur avons versé beaucoup d'argent, on aurait dû imposer des contre-parties aux banques. On aurait dû supprimer les bonus, les obliger à prêter davantage aux particuliers et aux entreprises, leur interdire certaines activités et moraliser les pratiques en crédit immobilier. Comme on n'a rien fait de tout cela, les pratiques antérieures ont continué. Cela a généré une colère dont le mouvement Occupy Wall Street est l'expression la plus visible. En acceptant les "robot-signeurs" pour les saisies immobilières par exemple, on a couvert des actes illégaux. Il faut bien comprendre que la contribution nette de Wall Street à la société américaine est négatives. Cela a créé un très fort sentiment d'injustice.