A tout moment, il est difficile de faire un tri parmi les livres qui atterrissent sur les tables des librairies. Et tout choix est inévitablement subjectif, voire sujet à caution.
** De belles photos. Pascal Galodé Editeurs publie «Avions et meetings d’exception», de François Brévot, sous-titré «carnets de voyages d’un photographe d’aviation». C’est un «petit» livre d’une centaine de pages qui réunit de très belles images, imprimées avec le plus grand soin. On y croise de nombreux warbirds, des avions de combat contemporains, des valeurs sûres comme le F-22 Raptor, la Patrouille de France et les Red Arrows et quelques vedettes comme l’imposant Avro Vulcan remis en vol par un groupe d’enthousiastes anglais (dont on se demande s’ils en feront un jour autant avec un Concorde). Dans sa préface, Catherine Maunoury, double championne du monde de voltige, a apparemment utilisé son porte-plume de directrice du musée de l’air et de l’espace du Bourget. Elle écrit notamment que la philosophe américaine Suzan Sontag, «qui a si bien parlé de la photographie, serait peut-être capable d’évoquer la subtile connexion entre image et aviation, la complicité entre deux savoir-faire nés à la même époque et qui, imperceptiblement, sont entrés dans nos vies et ne les ont plus quittées».
** La Bataille d’Angleterre. Elle figure en bonne place parmi les très grands événements de la guerre aérienne et a constitué un tournant décisif dans les premiers moments de la Seconde Guerre mondiale. Mais, 70 ans plus tard, les jeunes générations en savent souvent trop peu sur cet affrontement historique d’une grande violence entre Royal Air Force et Luftwaffe. L’Allemagne nazie espérait une victoire rapide et une paix de compromis et il n’en fut rien. Il n’est désormais plus nécessaire de se plonger dans des ouvrages trop longs, trop détaillés, pour aller à l’essentiel, grâce à cet ouvrage rigoureux de moins de 200 pages, intitulé sobrement «La Bataille d’Angleterre», dû à un bon spécialiste, Jérôme de Lespinois, publié par Tallandrier dans la collection L’Histoire en batailles. Tout y est, à commencer par les enseignements opérationnels et, bien entendu, la bataille de Londres entamée le 7 septembre 1940.
** Encore la Ligne. Autre plongée dans l’Histoire, celle de la mythique Aéropostale. Un très bel ouvrage de Bernard Bacquié, «Les Hommes de légende», publié par les Editions Latérales, retient l’attention par la qualité de son iconographie, qui plus est bien mise en valeur par une belle maquette due à Laurent Abad. Outre les grands classiques, c’est-à-dire les personnages dont tout a été dit au fil des années et une bibliographie surabondante, ici, on trouve notamment des pages consacrées aux «oubliés de la légende». Extraites d’archives personnelles, certaines illustrations n’étaient pas connues, tout comme des dessins et aquarelles de Paul Lengellé sorties de l’oubli.
** Réflexion spatiale. Jacques Arnould n’est pas un auteur comme les autres. Il est en effet chargé de la réflexion éthique au sein du CNES, ce qui est tout sauf banal. Il sort aux Editions J.C. Béhar un livre petit par le format, modeste par la pagination, important par la qualité mais susceptible d’induire le lecteur en erreur, tant son titre est banal : «Une Brève histoire de l’espace». Il s’agit, en réalité, d’une réflexion volontiers philosophique qui n’avoue pas son nom, d’autant qu’elle s’appuie sur une chronologie d’événements qui part de Francis Godwin et Cyrano de Bergerac, passe par Edgar Poe, s’en réfère à H.G. Wells et, bien entendu, à Arthur C. Clarke et aboutit à Apollo, Ariane, etc. On retiendra notamment que l’espace n’est pas un no man’s land et aussi, ce qui est implicite, qu’il est malheureusement trop rare, beaucoup trop rare, que le microcosme s’éloigne momentanément de ses habitudes techniques et scientifiques et accepte d’élever le débat. D’où l’espoir que Jacques Arnould, dont la plume ne manque pas d’élégance, se décide à nous en dire avantage. Ici, ce n’est qu’un bon début…
Pierre Sparaco - AeroMorning