A propos de Polisse de et avec Maïwenn 3 out of 5 stars
Marina Foïs, Karin Viard
A Paris, la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) a fort à faire, entre les disparitions inquiétantes de mineurs, les enfants victimes de pédophilie, ceux qui sont utilisés dans le cadre du crime organisé, d’autres qui n’ont plus de foyer, etc… Derrière ce quotidien éprouvant, la BPM forme un groupe solidaire malgré des tensions entre certains. Un de leurs membres tombe amoureux d’une jeune femme venue faire un photoreportage pour le Ministère de l’Intérieur…
Forcément, Polisse laisse une impression mitigée. Comment ne pas être partagé entre ses qualités intrinsèques évidentes et la déception suscitée par cette histoire de romance à l’eau de rose qui gâche un peu tout ?
Ses qualités viennent essentiellement de ses acteurs et de sa réalisation documentaire et rythmée. Dans un style à la fois réaliste et nerveux, la caméra de Maïwenn, plantée au milieu du décor, suit ces policiers dans leur quotidien, alternant plans fixes et caméra à l’épaule, gros plans sur les visages et longues et éprouvantes séances de garde à vue (confessions des pédophiles).
Et l’entame de Polisse est plutôt plaisante dans sa mise en scène. D’autant que cette Brigade est brillamment interprétée par une brochette d’acteurs irréprochables, de Karin Viard à Joey Starr en passant par Marina Foïs, Frédéric Pierrot, Naidra Ayadi… On pourrait tous les citer. On pense à L.627 de Tavernier ou Le petit Lieutenant de Beauvois.
Les personnages ont une épaisseur dramatique, les situations sont assez étayées pour être crédibles et contrairement à ce que l’on a pu lire dans certains journaux, ne pas tomber dans le cliché ni la caricature. Polisse est bien dans son époque avec ces adolescents paumés prêts à coucher ou à offrir leur corps pour des prétextes dérisoires (scène très drôle du téléphone portable).
Mais le film glisse de plus en plus vers la fiction et une histoire d’amour un peu inutile et qui étire en tout cas considérablement les liens du film. Avec cette bluette, la tension du film baisse, sa puissance dramatique s’affaiblit d’autant qu’il y a des longueurs à la fin du film.
Jusqu’à l’arrivée de cette romance entre Fred (Joey Starr) et la photoreporter (jouée par Maïwenn elle-même), Polisse parvenait à tenir le spectateur en haleine par le fait qu’il n’adoptait qu’un seul point de vue, une sorte d’œil omniscient. Sans briller par son originalité, la mise en scène de Maïwenn avait au moins le mérite de tenir en émoi le spectateur. Mais avec ce second point de vue, extérieur, la tension du film s’affaiblit de plus en plus.
On sent l’hésitation de Maïwenn, désireuse de faire un film à la fois réaliste mais qui ne soit pas trop documentaire. Et le biais de la fiction amoureuse révèle sans doute le dilemme insoluble qu’elle a eu de ne pas inscrire son film ni dans la redite de L.627 ni dans un style trop réaliste et un peu froid. Intention aussi honorable que maladroitement résolue.
On pourra retenir le jeu sans faille de Karin Viard, surprenante dans ce rôle à contre-emploi total de ses personnages de « bobo » habituels, la prestation de Joey Starr, qui est le personnage central du film. Certaines scènes sont poignantes comme celle où un enfant en larmes hurle après avoir été arraché à sa mère.
Polisse est un film plein de vitalité et peut-être avant tout un hommage aux enfants, dans le style et l’acceptation d’un Truffaut (L’argent de poche). Et c’est déjà pas mal…
www.youtube.com/watch?v=ZCCjGBkXc38
Film français de Maïwenn avec Karin Viard, Joeystarr, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle, Maïwenn (2 h 07).
Scénario : 1 out of 5 stars
Mise en scène : 3 out of 5 stars
Acteurs : 4 out of 5 stars
Dialogues : 3 out of 5 stars