L'Amérique des 60s triomphe, les bagnoles sont chromées, gigantesques, les couleurs éclatent. Diane Arbus photographie les freaks, les exclus, les bizarres... Quand elle arrête son regard sur la bonne société, ce ne sont que portraits de vieilles peaux choucroutées, emperlousées façon arbre de Noël, ou enchapeautées avec petits chiens ridicules en sautoir. Ses modèles sont des nains vieillissants, des travestis démaquillés, des géants, des handicapés, des moches, de gros... Aux antipodes de l'iconographie usuelle de l'Americana. On l'imaginerait presque photographiant le petit joueur de banjo de Deliverance. Diane Arbus se suicide en 1971. Sa dernière série de photos, elle ne la développe pas. Elle sera rendue publique sous le titre Untitled. Sa série préférée selon ses écrits. La plus dérangeante. Prise dans un asile, des tableaux à la Jérome Bosch de handicapés mentaux, déguisés pour Halloween. Regards intenses ou absents, déguisements ridicules, vieux enfants cassés. A croire que Slipknot a trouvé son iconographie dans ce dernier travail de Diane Arbus.
J'ai discuté avec Violaine Binet, biographe de la photographe à propos du regard que portait Diane Arbus sur ses modèles, et dont j'avais un doute sur la bienveillance. Le regard est ambivalent, tendre avec les exclus qu'elle a suivi sur de longues période et dont elle a gagné la confiance, cruel avec ceux qui ont l'assurance que leur confère la naissance ou la classe sociale.
Diane Arbus, Galerie du Jeu de Paume, à voir absolument.
Enjoy!
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