Survival International porte plainte pour allégations injurieuses

Publié le 24 octobre 2011 par Sequovia

Des accusations de cannibalisme ont été portées dans la presse suite à la disparition d’un touriste Allemand dans l’archipel des Marquises le 9 octobre dernier. Suite à cela, le gouvernement a formellement démenti cette possibilité et de nombreuses personnes se sont insurgées contre ces allégations, et notamment l’association Survival International dans un communiqué de presse.

  • A propos de Survival international

Survival Internationl est une association fondée en Angleterre en 1969, à l’origine pour protester contre le sort des indiens d’Amazonie, victimes d’un génocide au Brésil. Depuis, l’association a ouvert des bureaux à Paris, Amsterdam, Berlin, Madrid, Milan et San Francisco bien que le siège soit toujours londonien.

Survival se décrit comme le mouvement pour les peuples indigènes, pour les aider à conserver leurs terres, leurs vies et leurs droits fondamentaux. En effet, ces peuples sont confrontés à la violence, à l’intolérance, à la spoliation de leurs terres et au vol de leurs ressources naturelles.

Dans son action, Survival est épaulé par plusieurs centaines de milliers de donateurs à travers le monde, des personnalités comme le Dalaï Lama ou le prince de Galles, des artistes, écrivains etc. Dans un souci d’indépendance, Survival International n’accepte pas de dons des gouvernements ou des entreprises susceptibles de nuire aux peuples indigènes.

  • Contexte

Un touriste allemand, Stefan Ramin, a été porté disparu le 9 octobre dernier dans les îles Marquises. Son corps a été retrouvé brûlé et son identité aurait été confirmée par les tests ADN. Suite à cela, la presse étrangère, et notamment les médias anglais et allemands, s’est empressée de parler d’acte de cannibalisme. Ceci a été immédiatement démenti par le gouvernement Polynésien.

  • Indignation de Survival International

Survival International a déposé une plainte officielle auprès de la Commission britannique des plaintes de la presse pour les allégations « hautement injurieuses et ridicules » parues dans la presse internationale concernant un touriste allemand, Stefan Ramin, qui aurait été dévoré par des cannibales début octobre dans l’archipel des Marquises.

Dans une lettre adressée à cette Commission, Survival dénonce les médias qui ont prétendu à un acte de cannibalisme et qui ont promu « l’idée fausse et injurieuse que les peuples indigènes sont des sauvages primitifs».

Parallèlement, de nombreux peuples indigènes du monde entier ont réagi avec consternation à ces dépêches. Benny Wenda, un Papou de la tribu Lani a déclaré : « Cette histoire nous rend malades, nous sommes fatigués de ce genre de mystifications. Si on continue de nous traiter de cannibales, c’est parce qu’on pense que nous sommes des sauvages. C’est comme si on considérait encore aujourd’hui les Allemands comme des nazis à cause de leur passé, ou comme si on prétendait que la Grande-Bretagne est un pays où les sorcières sont toujours brûlées au bûcher, où les enfants sont toujours traités comme des esclaves et où il y a encore des exécutions publiques. Ce n’est que du journalisme vil et raciste».

Le procureur de la République de Polynésie française a exclu tout acte d’anthropophagie pour expliquer la mort probable du touriste allemand et Deborah Kimitete, adjointe au maire de l’île de Nuku Hiva où le meurtre présumé a eu lieu, a déclaré à la BBC : « Ces accusations de cannibalisme, totalement fausses nous blessent profondément… Je ne sais pas pourquoi ils parlent de cannibalisme. Dirait-on la même chose si un cas similaire se présentait en Angleterre? C’est terrible de dire ça. Ici, personne n’en parle plus jamais – ce n’est pas vrai. Ce n’est pas le cas du tout et nous sommes profondément blessés ».

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : « Prétendre que le meurtre de Stefan Ramin a quelque chose à voir avec le cannibalisme tribal est totalement absurde. Cette nouvelle sensationnaliste peut certes faire vendre des journaux, mais elle porte atteinte de manière irresponsable aux peuples des îles Marquises. Ce type de préjugé qui a été utilisé pour justifier les spoliations territoriales des peuples indigènes tout au long du XIXe siècle n’a pas sa place dans le journalisme moderne. Parmi les cannibales dont il est question ici, on pourrait inclure l’assassin bien sûr, mais aussi, dans un certain sens, les journalistes négligents qui agitent des stéréotypes racistes éculés sans penser au tort qu’ils causent aux peuples indigènes et aux conséquences néfastes que ce genre d’hypothèse peut occasionner sur leur image et sur la manière dont ils sont traités ».

  • Avis Sequovia

Cet évènement tragique, qui a donné suite à des calomnies dans la presse, nous montre comment des préjugés peuvent nuire à une communauté. En effet, les retombées peuvent être dramatiques pour l’économie locale qui vit en grande partie du tourisme, et dont ces allégations sont plus que préjudiciables.

C’est aussi l’occasion de rappeler les dommages subis par de nombreux peuples en raison du pillage de leurs ressources naturelles par l’extraction de minerais ou de pétrole par exemple.