Après plusieurs semaines sanslecture, pour cause de surmenage intensif, j'ai dévoré un tropmaigre recueil de nouvelles Après le tremblement de terre de Haruki Murakami, un auteur quej'affectionne particulièrement. Six courtes nouvelles composentl'ouvrage, avec comme fil rouge, l'ombre du tremblent de terre qui ameurtrit la ville de Kobe en 1995.
Des bouts de vie et de solitude
Si l'écriture de Murakami restetoujours aussi fluide et souple, les récits sont plus denses que dans ses romans. En un nombre très restreint de pages, Murakami réussi àcroquer des personnages vivants, complexes. Il dévoile leurs failles,leur fragilité.
Une porte s'entre-ouvre sur le coeur desprotagonistes, tous des êtres en rupture penchés au bord d'unprécipice. Ils vont accomplir un grand saut vers l'inconnu, qu'ilsoit salutaire ou révélateur.
J'ai particulièrement aimé laseconde nouvelle réchauffé par un feu de camps au milieu de lanuit, et la dernière, où un écrivain ami des ours voit saconstance enfin récompensée. J'avoue, la présence dans le livre d'une grenouillegéante qui sauve Tokô a également contribué à mon plaisir delecture...
Un peu à l'étroit...
Si vous aimer déjà l'auteur, Aprèsle tremblement de Terre vous plaira sans aucun doute ;vous retrouver la pointe de mystère, la touche spirituelle et décaléequi le caractérise. Cependant, pour découvrir Murakami, jeconseillerai plutôt un de ses romans. Le passage de la nuit est monfavori pour une initiation.Je trouve que ces nouvelles malgréleur poésie ont comme un goût d'inachevé. Là ou Yoko Ogawamaîtrise le genre avec virtuosité, Murakami pêche peut-être parune trop grande complexité des personnages, trop de thèmes setamponnent. Il me semble que cet écrivain est plus à l'aise quandles pages sont plus nombreuses. Il arrive à ne jamais céder auremplissage, aucune longueur dans Kafka sur le rivage qui courtpourtant sur plus de 500 pages. L'intérêt principal, d'après monamie Anne, dans la lecture des nouvelles, est d'y trouver l'ébauchede certains de ces romans. C'est son ressentit à propos du recueil Saules aveugles, femmes endormies qui se trouve doncmaintenant dans ma PAL.Copyright : Marianne Ciaudo