"Même ma Grand-Mère écrit sur TEA"

Publié le 24 octobre 2011 par Teazine
Pour la première fois dans l'histoire des Tisanes de Mamie, nous avons demandé à une vraie Grand-Maman d'écrire sur une musique qui lui tient à coeur. La preuve que même les plus âgés peuvent s'enflammer pour une oeuvre. Après avoir reçu le premier texte par mail (tu peux pas test la Mamie 2.0) on a failli faire une longue intro sur l'enrichissement réciproque que procure un échange inter-générationnel, puis on s'est dit qu'on préférait vous épargner et laisser directement la parole à ma petite grand-maman Catherine. Bonjour Catherine.

LE ROI DAVID DE ARTHUR HONEGGER ET RENE MORAX
J’ai choisi de vous présenter Le Roi David, un oratorio (drame lyrique traitant d’un sujet religieux). J’ai eu la chance autrefois de chanter cette œuvre dans une chorale et j’ai appris ainsi à la connaître, elle m’a plu énormément. J’ai toujours autant de joie à l’écouter aujourd’hui. Et puis j’ai participé à la présentation de cette œuvre par le chef d’orchestre qui l’ a dirigée en concert l’an dernier.
Connaissez-vous Arthur Honegger ? En Suisse a souvent dans les mains son portrait qui figure sur les billets de banque de 20.- frs. De famille suisse, il a pourtant vécu en France dans la 1ère moitié du 20ème siècle. René Morax, lui, est directeur de théâtre et écrivain. L’oratorio, aussi nommé Psaume symphonique, a été écrit et composé en 1921 et la 1ère représentation a eu lieu la même année. Un psaume est une prière poétique. La pièce est populaire, le langage musical est harmonique et très expressif. L’œuvre est composée pour un orchestre de 17 instruments (essentiellement cuivres et percussions, plus un piano, un harmonium et un celesta) et un chœur d’une centaine de personnes.
Le Roi David qui est-ce ? Il est une personnalité dont la vie est racontée dans la Bible, dans l’ancien testament et se trouve également dans la Thora juive. Il a vécu au 10ème siècle avant Jésus-Christ. On est en Israël. David, un berger, joue de la flûte et de la harpe, il chante. Il compose des poèmes (qu’on appelle des psaumes et qui sont rassemblés dans la Bible) adressés à son Dieu (Jéhovah, Eternel), inspirés de la grandeur et magnificence de la nature, de la création mais exprimant aussi ses émois, ses craintes, ses culpabilités. Plusieurs de ces poèmes sont mis en musique tout au long de l’œuvre. Jeune encore, David est oint par un prophète, un envoyé de Dieu qui l’a choisi comme futur Roi. Oindre, c’est verser de l’huile sur la tête de celui qui est choisi. Il se trouve alors à la cour du Roi Saül, dépressif et angoissé ; David lui joue de la musique pour le calmer. Une peuplade voisine d’Israël, les Philistins, déclare la guerre. Les deux camps sont en face l’un de l’autre. Le géant Goliath, Philistin, défie les Israélites et David s’avance avec sa fronde et tue Goliath d’un caillou l’atteignant en plein front. Les Philistins sont vaincus et le chant fuse chez les Israélites : Saül tua ses mille et David ses dix mille ! Saül malade et jaloux cherche à tuer David. David l’épargne et s’enfuit.
Un passage étrange met en scène une Pythonisse qui dans une incantation accompagnée d’une musique dramatique fait apparaître un mort, le prophète Samuel pour prédire l’avenir : la mort de Saül et la défaite d’Israël. David pleure la mort de Saül – toujours Roi – et se lamente également sur la perte du fils de Saül, Jonathan, son meilleur ami.
David devient donc Roi. Il fait revenir l’Arche (coffre sacré) tombé aux mains des ennemis et la fait monter à Jérusalem. L’accompagnement musical monte aussi. Puis un cantique de fête est entonné. David danse devant l’Arche et le peuple se joint à lui. La musique de la danse devient de plus en plus intense, les chœurs sont impressionnants. Le prophète Nathan transmet le message de Dieu : dans la descendance de David – bien des siècles plus tard – régnera le Fils de David, Jésus-Christ. Un alléluia merveilleux termine cet épisode.
David, même choisi par Dieu, n’est pas parfait. Il commet deux grandes fautes (appelés péchés). La première est le meurtre du général Urie, le mari de Bethsabée qu’il convoitait. L’enfant né de cette union n’a pas survécu. Bien plus tard à la fin de sa vie, David commet une faute d’orgueil, il fait dénombrer ses troupes et ses forces ce qui vaut une épidémie de peste sur le peuple. Deux fautes qui amènent David à les reconnaitre, à se repentir en demandant pardon à Dieu, c’est ce qu’il exprime dans des psaumes.
Un air charmant et léger, chant d’amour d’une femme, contraste avec le ton sombre et tourmenté, l’âpreté d’un psaume.
Les fils et les filles de David luttent entre eux pour le pouvoir, pour la vengeance et ne forment pas une famille exemplaire.
David est sur le point de mourir. Il prophétise sur la venue de Jésus-Christ source de vie pour toute l’humanité. Salomon, fils de David et de Bethsabée est proclamé Roi. La musique se termine par un carillon de cloches et un alléluia musical et choral magistraux et impressionnants. J’espère que vous pourrez écouter cette œuvre et l’apprécier. Composée il y a 90 ans, elle n’a rien perdu de son charme et de sa beauté. Elle est rythmée, entraînante, comme … le rock !?
Image: Chagall
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Grand-Maman Catherine, l' auto-bio:
Je vis seule à Neuchâtel où je suis née, mais j'ai habité à des endroits différents: dans les environs de Zurich, Montréal, Paris; c'était là que mon mari exerçait sa profession d'ingénieur. Nos 3 enfants ont grandi puis ont fait leur chemin, notamment l'aîné, père de 2 petits-enfants devenus grands eux aussi. Je suis seule, mais entourée d'une grande famille, à commencer par ma maman dont j'admire la vivacité d'esprit et la bonne santé, et elle approche grandement de ses 100 ans... Elle a apprécié le Roi David!
 
Ma grande petite-fille c'est, Anne-Valérie.