Aujourd’hui se termine la semaine de l’allaitement.
L’occasion d’échanger sur le sujet entre professionnels de santé, consultantes en lactation, associations, mères et familles, l’occasion d’en parler ! Le thème, cette année, c’est justement : « L’allaitement maternel, parlons-en ! »
Des centaines d’actions ont été menées dans toute la France : des discussions entre professionnels, des manifestations ouvertes au public, des grandes tétées (organisées par les mamans dans plusieurs villes en simultané), des ateliers….
Cette semaine, Parole de Mamans présentait aussi l’émission spécial Allaitement en partenariat avec Avent. Tu feras abstraction de mes hésitations, pour mon premier plateau télé, j’étais, comme tu l’imagines, un peu stressée… ( tu m’as reconnu?)
L’allaitement – Emission Parole de mamans par ParoledeMamans
L’allaitement, c’est un sujet qui me passionne depuis ma première expérience d’allaitement avec ma fille. J’ai donc naturellement répondu présente! Je reste convaincue qu’il faut s’informer auprès de professionnels, en discuter avec d’autres mamans, se faire aider avant même de douter, ou de baisser les bras… Il y a des professionnels pour ça!
C’est pour cela que je souhaite te présenter Véronique Darmangeat (en photo ci-contre), consultante en lactation, que j’ai rencontré il y a plusieurs mois, grâce à notre association des Mampreneurs de Paris.
Sa spécialité, conseiller, aider, échanger avec les professionnels, les entreprises et les mamans allaitantes qui souhaitent réussir leur allaitement et le prolonger même après la reprise du travail. Elle partage son temps professionnel entre ses consultations en lactation à domicile et le cabinet Lactissima.
J’en ai profité pour lui ai posé quelques questions sur l’évolution de l’allaitement de nos jours. Interview….
La bougeotte en famille : Comment et pourquoi a évolué l’allaitement ces 20 dernières années?
Véronique Darmangeat : Depuis 20 ans, les taux d’allaitement ont augmenté en France, on parle beaucoup plus d’allaitement, on trouve beaucoup plus d’informations justes et les professionnels de santé sont mieux formés, même si je suis la première à dire qu’il y a encore des progrès à faire. Cela est dû en partie à la volonté de l’Etat de promouvoir l’allaitement officiellement même si aucuns moyens financiers ne sont accordés. Les associations de soutien à l’allaitement maternel ont fait un gros travail pour faire circuler des informations exactes. Le site internet de La Leche League France a fait beaucoup pour cela. Et désormais les journalistes parlent régulièrement d’allaitement, ce qui est récent.
Oui, je suis bien d’accord avec toi, l’important c’est d’en parler, de s’informer pendant la grossesse et faire son choix en connaissance de cause!
LBF : Comment expliques tu qu’il y ait autant de tensions entre les pro-allaitements et les autres?
V.D. : L’allaitement est un sujet sur lequel personne n’est neutre : chaque être humain a été ou non allaité, chacun a donc son opinion sur le sujet. Comme l’allaitement se joue à un moment de grande fragilité de la femme et du couple (l’arrivée d’un bébé perturbe beaucoup), le ressenti de la réussite et de l’échec d’un allaitement est très fort. Et la tentation est grande de faire des généralités à partir de son propre vécu. Personne n’est épargné par cette tentation, y compris les professionnels de santé. Mettre de la distance avec son propre vécu n’est pas toujours chose facile.
D’autre part, notre histoire française autour de l’allaitement est loin d’être simple. Aux 17e, 18e et 19e siècles, les femmes de bonne condition n’allaitent pas, elles mettent leur enfant en nourrice ou font venir une nourrice à domicile. Au 20e siècle, le mouvement féministe revendique une égalité entre les sexes qui passe par l‘abandon de l’allaitement : puisqu’il existe du lait en poudre et des biberons qui permettent un partage de cette tâche, pourquoi faire porter aux seules femmes la responsabilité de nourrir les bébés ? Cette revendication est très française et ne se retrouve pas dans beaucoup d’autres pays. Quand les femmes ont voulu revenir à l’allaitement, elles ont du le faire en se positionnant souvent contre leur propre mère qui n’avait pas allaité et pensait que c’était un progrès. Le conflit des générations n’est pas toujours facile à gérer. Ces femmes qui se sont battues dans les années 1970s pour la cause des femmes ont très mal vécu ce qu’elles qualifient d’un retour en arrière pour la liberté de la femme. Aujourd’hui, beaucoup de femmes refusent qu’ont leur dicte ce qu’elles doivent faire : elles veulent pouvoir choisir. C’est aussi pour cette raison que l’on arrive aujourd’hui parfois à des situations absurdes : une femme qui ne souhaite pas allaiter peut se sentir jugée et mal le vivre.
Si chacun faisait l’effort de ne plus juger le choix des autres, ce conflit n’aurait plus lieu d’être.
LBF : A quoi sert une conseillère en lactation par rapport à la Leche Ligue (surtout au niveau de l’allaitement au travail)?
V.D. : Une consultante en lactation est une (ou un) professionnel formé à la lactation humaine et l’allaitement maternel. Son rôle principal est d’aider chaque femme qui le souhaite à vivre l’allaitement qu’elle a choisi. La Leche League comme les autres associations de soutien sont précieuses : elles permettent aux femmes de rencontrer d’autres femmes qui allaitent et de partager leur vécu tout en ayant accès à de bonnes informations sur l’allaitement. Mais quand une femme veut ou a besoin d’un suivi individuel, notamment en cas de grosses difficultés, les consultants en lactation sont là pour ça. D’autre part, chaque femme va choisir ce qui lui convient : certaines préfèrent le relatif anonymat d’une réunion pour glaner des informations, d’autres préfèrent un suivi individuel. Les associations de soutien et les consultants en lactation sont complémentaires.
Merci Véronique, pour ton professionnalisme, ta transparence et ta neutralité sur ce sujet aussi passionnant que controversé. J’aurai vraiment aimé te rencontrer il y a 2ans 1/2 au démarrage de mon allaitement, un petit peu mouvementé…
En cas de coups durs et de doute sur ton allaitement, tu sais maintenant à qui t’adresser?