Des centaines d'habitants à Misrata, à quelque 200 km de la capitale Tripoli, ont souhaité samedi voir la dépouille de l'homme ayant gouverné leur pays durant les quatre dernières décennies.
Devant la porte et faisant la queue en dehors du marché al-Tunsy, à l'ouest de Misrata, de petits groupes se pressent, téléphones portables à la main, attendant l'autorisation d'entrer dans la chambre froide où sont placées les dépouilles de Kadhafi et de son fils Moatassem.
Deux jours après la mort de Kadhafi et malgré les traditions de l'Islam, la date d'enterrement de Kadhafi reste inconnue. La mort du dirigeant déchu laisse perplexe le CNT, qui, non seulement n'a pas encore décidé des lieux et circonstances de son enterrement, mais aussi s'interroge sur la Libye post-Kadhafi et la reconstruction nationale.
Tard samedi, la BBC, citant une source du ministère libyen des Affaires étrangères intérimaire, a rapporté qu'una autopsie avait été pratiquée sur la dépouille de Kadhafi, qui serait remise plus tard à ses proches.
Cependant, des informations contradictoires circulent toujours, une source du CNT à Misrata ayant déclaré à Xinhua samedi soir qu'il n'y avait toujours pas de plan concret au sein de la direction du CNT sur la remise du cadavre de Kadhafi.
Cette source, sous couvert d'anonymat, a également nié une autopsie médico-légale, soulignant que le corps se trouvait toujours dans une chambre froide à Misrata.
Selon un membre du CNT, qui a préféré garder l'anonymat, le corps de Kadhafi sera enterré dans un lieu tenu secret et ne sera pas remis à sa famille.
Toujours samedi, un membre du CNT a soulevé des doutes sur les circonstances exactes de la mort de Kadhafi.
"Kadhafi a été clairement capturé et il devrait y avoir une enquête" sur samort, a déclaré Waheed Burshan, cité par la chaîne de télévision Al-Jazira basée à Qatar.
"Y-avaient-ils des combats lors du transfert de la dépouille vers Misrata ? Nous ne le savons pas. Mais il y avait certainement un écart de temps et je suis sûr qu'une enquête aura lieu", at-il ajouté.
Ces propos, en contradiction avec ceux tenus par le chef du comité exécutif du CNT Mahmoud Jibril, qui selon lui Kadhafi aurait été tué dans une fusillade, interviennent un jour après l'appel de l'ONU à l'ouverture d'enquêtes approfondies sur la mort de Kadhafi.
Parallèlement, M. Jibril a déclaré samedi que les autorités libyennes devraient être autorisées à former un gouvernement intérimaire après l'élection du Congrès national dans huit mois.
"Après le vote sur le Congrès national, nous allons commencer à rédiger une Constitution et ensuite formerons un gouvernement par intérim pour gérer les affaires d'Etat en attendant l'élection présidentielle", a déclaré M. Jibril lors du Forum économique mondial tenu en Jordanie.
Actuellement, la restauration de la stabilité et de l'ordre, la collecte des armes et le processus de réconciliation nationale sont les priorités du CNT, a ajouté M. Jibril.
La mort de Kadhafi et le retrait des forces de l'OTAN, attendu fin octobre, laisseront une période de vide du pouvoir en Libye, faisant monter les préoccupations quant aux affrontements entre différents groupes ethniques.
Selon des sources émanant du Niger, des troubles sont déjà survenus samedi après les informations selon lesquelles Abdallah al-Senoussi, ex-chef des renseignements, se réfugierait dans l'extrême nord du Niger.
Bazoum Mohamed, ministre d'Etat nigérien chargé des Affaires étrangères et de la Coopération, a déclaré samedi matin à une radio étrangère qu'il avait appris les informations selon lesquelles Senoussi a été apercu dans la zone à la frontière entre l'Algérie et la Libye.
"Le gouvernement nigérien ne trouverait en rien gênant de se conformer aux obligations internationales, en lui remettant à Interpol si jamais il est arrêté sur son territoire national".