Ce mercredi 19 octobre, Jean-François Copé s’est rendu dans le Cher à Dun-sur-Auron pour rencontrer les sympathisants et militants UMP de l’endroit. Le Monde, daté du 21, nous rapporte les propos de l’un d’entre eux, Olivier Loreste, chirurgien-dentiste : « le gouvernement gère plutôt bien la crise. Si les socialistes étaient aux affaires, nous aurions la tête dans le sac ». Saluons l’honnêteté et la clairvoyance de ce Berrichon des terroirs, si chers au cœur de M. Jacob, le chef du groupe des députés UMP.
M. Loreste nous a donné son opinion. Comme toute opinion, elle est respectable mais il faut ne pas oublier qu’il s’agit là non d’une vérité mais simplement d’une opinion. Et du reste, dans quelle situation serions-nous si le gouvernement gérait mal la crise ? Peut-être même nous trouverions nous sous la menace des agences de notation de retirer à la France son triple A !
Là où ce brave chirurgien-dentiste s’égare, c’est quand il poursuit en imaginant ce qui se passerait avec les socialistes aux affaires. Il formule là une hypothèse et il est aventureux, vain et malhonnête de comparer des faits avec une hypothèse dont on ne pourra jamais vérifier la validité. Nous vivons en effet une époque où c’est la droite qui est aux manettes et on ne saura jamais ce que les socialistes auraient fait dans ces circonstances. Comme on dit familièrement, « si ma grand-mère en avait, elle serait mon grand-père ». Mais il se trouve qu’elle n’en a pas.
Pour être encore plus explicite sur les responsabilités des uns et des autres, rappelons ceci : sous la V° République, pendant les deux septennats de François Mitterrand, la gauche a gouverné dix ans et la droite quatre. Souvenons-nous en effet, qu’à l’époque, comme le prescrit notre Constitution, si le président pouvait prétendre à un domaine réservé, c’est le gouvernement qui dirigeait la France et non, comme depuis 2007, un président omniscient. Ceci avait ensuite permis à la gauche, ayant gagné les législatives de 1997, de gouverner cinq ans sous la première présidence de Jacques Chirac. La gauche a donc été aux affaires pendant quinze ans, ce qui en laisse, seulement trente-huit, à la droite.
À ceux qui peuvent objecter que ces alternances compliquent la gestion d’un pays, je réponds que la droite est aux manettes sans partage depuis neuf ans, qu’en 2007 le candidat Sarkozy nous avait annoncé la rupture, que dès septembre 2007, un an avant la crise, son premier ministre se déclarait à la tête d’un État en faillite et le président se proposait d’aller chercher des points de croissance avec les dents. Quelques chiffres permettent d’apprécier l’excellence de la gestion de la droite. De 2001 à 2010 :
- notre dette est passée de 853,3 milliards d’euros à 1591,2 soit, rapportée au PIB, de 57,1% à 82,3%
- notre déficit de 24,6 milliards d’euros à 136,5 soit, rapporté au PIB, de 1,6% à 7,1%.
Bravo ! Quelle performance étourdissante !
Voilà des faits, des nombres, pas des divagations hypothétiques ! Nous avons peut-être la tête dans le sac. Qui l’y a mise ?