Note de l’Auteur :
5/10
La Critique :
Fallait il s’attendre à mieux, fallait-il craindre pire ? Autant le dire de suite, The Artist n’est pas le chef d’oeuvre annoncé un peu à tord et à travers par la presse et les cannais du dimanche. C’est dommage car il aurait pu l’être, quelques idées brillantes ( dont une scène que je me retiens de vous décrire, mais bordel de Dieu de merde ! ), cependant trop rares dans un film qui noie sa créativité dans ses hommages. Clins d’oeil trop évidents et du même coup superficiels, le film a du mal à exister par lui même, progresse en dents de scie, entre style emprunté et bonnes trouvailles. Sur le fond, c’est très classique, pas vraiment intéressant, bref, sur le déclin, la déchéance on a vu mieux. Classique et contestable aussi.
The Artist est une histoire de dépression, celle d’un pays à l’horizon d’une crise économique sans précédent et parallèlement, celle d’un homme qui refuse les progrès permis par la technique. Si on est pas trop con on arrive à filer soi même la métaphore, si on arrive à faire le lien on comprend la morale un peu douteuse du film : le progrès nécessite des crises qui imposent des sacrifices, mais une fois surmontés, on repart de l’avant, on ressort plus fort, etc. Théorème hautement scientifique car vérifié au jour le jour actuellement ( … ), Hazanavicius va encore plus loin en prouvant qu’on peut faire du neuf avec du vieux. Déjà c’est le concept même de son film, mais son personnage, Georges Valentin, dénigrant l’évolution du cinéma vers le parlant, va lui aussi se reconvertir dans une profession d’avenir : les claquettes ! Oui mesdames et messieurs, les claquettes. Jean Dujardin incarne avec justesse son personnage mais il faut l’avouer difficile de ne pas lire sous ses regards et ses rires, les traits de notre agent secret préféré… S’il s’en sort plutôt bien, il faut par contre louer la prestation du chien, qui a mérité sa Palm Dog à Cannes, volant la vedette à son maître d’un film.
The Artist sait jouer avec ses effets et parvient tant bien que mal à jouer de lui même. C’est à dire que c’est un film rétrospectif qui ne cache pas sa rétrospectivité. Ce n’est pas qu’une fiction historique, il joue et s’amuse du décalage entre ces deux mondes de cinémas, entre ces deux mondes tout court, celui de la fin des années 20 et le notre. Ceci donne justement un grand moment dans la scène que je me refuse à raconter (bien qu’à force d’en parler j’ai limite envie de cracher le morceau mais je ne le ferai pas car mon intégrité est en jeu point à la ligne fermez les guillemets). Inégal donc, balancé entre inspirations géniales et moments creux, The Artist est de ces films qui ne laissent pas indifférent lors du visionnage mais qui peinent à rester en mémoire. Œuvres qui prennent un coup de vieux en peu de temps, mais cette fois ci un vrai, pas ceux silencieux et délicieux d’un bel éclat noir et blanc.