En Haïti, l’eau est le principal véhicule du choléra. L’épidémie a touché en premier lieu les âmes qui vivent dans les villages qui voisinent une rivière dans laquelle se serait déversé le contenu des chiottes d’un contingent népalais. Depuis, la Minustah continue de clamer pas son innocence, mais le fait que personne ne peut faire la preuve hors de tout doute raisonnable, que ce sont ses soldats qui ont amené la fâcheuse bactérie dans le pays. Après une année, 5% de la population (près de 500 000 personnes) a été affecté par la bactérie et 6 500 personnes en sont mortes. On a appris cette semaine qu’Haïti est le ‘spot le plus hot sur la planète’ côté kolera. Les Jojo Savard de ce monde font des pronostics, mais de manière générale, l’avenir ne s’annonce pas rose. Le choléra devrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le pays selon des experts. « Quels experts ? » je n’en sais rien, ceux cités par les médias. Le président a dit qu’il faudrait un milliard de $ pour offrir à l’ensemble de la population une eau traitée, premier pas vers l’éradication d’une maladie devenue malheureusement endémique. J’entendais des commentateurs aujourd’hui se demander si la communauté internationale allait accepter de payer cette somme, considérant que la bibitte a fort probablement été amenée dans le pays par ses soldats. Je trouvais que la question manquait de nuance. Premièrement, c’est la communauté internationale qui paiera le milliard si on lance ce vaste projet. Le pays n’a pas les moyens d’assumer ce genre de charge. Il faut juste se rappeler que l’international assume 60% du budget de fonctionnement et 100% du budget d’investissement de l’État. Ainsi, poser la question « qui va payer » ne me semble pas appropriée. La bonne question à poser aurait été : « Est-ce que la communauté internationale va accepter sa responsabilité et offrir de dédommager le pays en assumant les frais de l’installation d’un tel système d’eau traitée ? » Là … les choses se corsent. Reconnaître sa responsabilité ouvre trop grande une porte que les Nations Unies veulent maintenir fermée. On n’est pas dans la logique jovialiste de la réparation ‘nationale’ en calmant ainsi l’ardeur de ceux qui toutes les semaines manifestent pour demander le retrait de la force onusienne. Non, on est dans la logique affairiste qui veut éviter d’éveiller l’ardeur des milliers de personnes (peut-être des centaines de milliers) qui pourraient demander réparation ‘personnelle’.