J’ai testé: « Polisse » au cinéma

TITRE DU FILM: Polisse

DATE DE SORTIE: 19 octobre 2011

REALISATEUR: Maïwenn

SYNOPSIS Allociné: Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.

MON AVIS SUR LE FILM

Quand un film comme « Polisse », cocktail de Maïwenn, Brigade des Mineurs et récompensé du Prix du Jury au Festival de Cannes sort, en général, ça éveille ma curiosité.

Pourquoi ? Parce que j’aime la façon qu’a cette jeune réalisatrice de mêler fiction et troublante réalité. Elle a l’art de pointer sa caméra (ou ici son reflex) sur des choses qui dérangent ou interpellent.

Interpellation, un mot parfait quand on parle de Polisse !

En effet, le film raconte la découverte de Mélissa, photographe, du difficile quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs de Paris. Comme elle, on découvre au fil des minutes un monde cru et cruel où la violence, le travail forcé et les viols sur enfants rythment les journées du service et on s’attache à une équipe aux personnalités fortes et différentes. Il y a la brute au cœur tendre, la naïve un peu fleur bleue, l’aigrie anorexique, l’alcoolique, l’intello, la musulmane moderne… mais il y a aussi les enfants abandonnés, maltraités, abusés qui ont perdu leur dignité.

« Polisse » est un film tragique ponctué de quelques scènes ou dialogues comiques servant à dédramatiser quelques instants les situations parfois grotesques. Je pense notamment à la mère qui branle son nourrisson pour le calmer ou encore à l’adolescente qui suce pour récupérer son portable. Ce langage vous semble déplacé ? Ce film vous choquera, et c’est bien là son objectif, vous faire réagir car le sujet n’est pas choisi pour rien. Maïwenn aurait elle-même été violentée par son père (que l’on peut d’ailleurs apercevoir dans le film).

Si certains penseront que l’œuvre de Maïwenn n’est qu’une banale série de plusieurs épisodes montées en un seul film plein de clichés, d’autres apprécieront le travail de la réalisatrice pour donner de l’émotion. On passe de l’Ile aux enfants à la rage, la colère et le désarroi en quelques minutes. Le film va crescendo au point de mettre la salle de cinéma sous tension prête à accueillir les coups de gueule des spectateurs.

Côté musique, rien à dire à part qu’on adore! « Polisse » fonctionne avec des morceaux comme Baby I’m Yours de Breakbot, Stand on the Word de Keedz et Blanket d’Urban Species et Imogen Heap. La bande originale du film est d’ailleurs déjà en vente en attendant le nouvel opus de JoeyStarr « Egomaniac » le 31 octobre prochain.

Un film dur à digérer (et là, je pense au cadavre d’un bébé issu d’un viol auquel il faut donner un prénom), triste (j’ai versé ma larme à l’abandon d’une mère pour protéger son fils), touchant (chaque personnage l’est à sa façon) mais aussi révoltant… un film à voir de toute urgence! ★★★★☆

Eloïse V.

© Mars Distribution