Wow. Ce que Montréal a changé.
La langue française est désormais une sorte d'écrasante… minorité. Partout l'affichage bilingue se moque des lois que les Charretiers ne tentent désormais plus de défendre, même du bout de la baguette fêlée de l'Orifice de la langue française.
Du coup, Montréal semble se vautrer dans sa coolitude. Plus que jamais on consacre un grande part d'énergie à son look. Bon, au moins, voilà un peuple qui sait disparaître dans l'élégance et le chic.
J'entends à l'instant Jean Batailleur de Zacharie. Ça manque de Zacharie en France, tabarnak.
Je suis embusqué au coin de Rivard (où j'ai vécu) et Mont-Royal (où j'ai vécu), à deux pas de mes anciens bureaux. J'y suis depuis 20 minutes. Je sors ma jauge à gonzesses et j'ajuste le filtre de manière à ce qu'il cesse de me sonner l'alerte 150/100. Je n'en serai que plus difficile à convaincre de retour chez moi. Ça sera reposant. J'ai un début de torticoli, en attendant. Ay caramba.
Le dictionnaire lexical de mon ordi ne connaît pas « torticoli ». Allons bon.
Un barbu hirsute vient de passer avec un gros drapeau français sur l'épaule. Quid ? Z'ont gagné au foot, ou il célèbre le massacre Lybien ?
Tears For Fears à la radio. Ça manque de Tears For Fears, en France, simonac.
Y a des tas de « Vélibs » à Montréal, qui portent le patronyme de « Bixi ». Pas de porte-bagage, ni derrière ni devant. À peine une sorte de petit espace ouvert où glisser le journal (mais pas celui du samedi). Un sur deux font scroui-scroui-scroui en passant. Z'ont l'air de peser 50 kg. Enfin. Apparemment c'est l'œuvre d'un designer cool. Allez savoir.
Céline Dion à la radio. Ça manque de silence, au Québec, asti.
Révélation inouïe : l'espresso est vraiment meilleur à Montréal qu'en Languedoc. Y a pas le moindre doute. Par contre, le café filtre, euh… est égal à lui même. Le parfait drink du cow-boy en cavale, avec plus de cow que de boy.
Lynda Lemay à la radio. Ça manque d'essence pour s'immoler, dans ce café, 'tain.
La dame qui sort à l'instant du métro, un déhanchement d'antilope, des yeux d'Albert Einstein, une touffe de roussitude moitié feu moitié cuivre sous la tuque de laine vert-forêt. C'est un vidéo-clip, ou c'est pou-de-vrai ? Câlisse, elle déverrouille un Koga Miyata avec porte-bagages Tubus avant et arrière. Je laisse mon ordi et mon sac pour courir derrière elle ou je… Ou… Juste je blogue. Eh, cong. Elle porte un casque, de toute façon.
Cœur de pirate à la radio. Vaut mieux entendre ça que d'être sourd. De justesse.
Bon, je retourne traduire. Tout de même… Si y avait un TGV Montpellier-Montréal, ça serait sympa. J'irais chercher Modestine.© Éric McComber