Magazine Humeur

Argument électoral, «l’effet cigogne» fera-t-il un bide ?

Publié le 21 octobre 2011 par Kamizole

Il m’avait paru d’emblée monstrueux que l’on puisse concevoir un bébé dans un but aussi sordide sans imaginer un instant les ravages psychologiques futurs quand le doute s’instillera dans l’esprit de l’enfant, de l’ado ou du jeune adulte quand il prendra (forcément) conscience un jour ou l’autre des questions que nous nous posons tous à cet égard. Peut-être même avant que cela fût conscient, sachant les ravages du non-dit dont traite avec brio Serge Tisseron dans «Secrets de famille, mode d’emploi»…

Je suis convaincue depuis trop longtemps que la psycho-généalogie a un grand avenir devant elle : nous suivons des analyses ou des psychothérapies analytiques en général parce que nous allons mal, c’est un fait. Mais pour s’apercevoir au cours de celles-ci que c’est la thérapie que n’ont pas faite nos parents voir nos aïeux.

Mais revenons à la politique. Purement politicienne dans le cas qui nous occupe.

Je ne sais s’il vous en souvient mais le Landerneau politico-journalistique bruissa déjà en 2009 de rumeurs sur un tel heureux événement - censé faire remonter la cote de popularité de Nicolas Sarkozy déjà en chute libre - les paparazzi surveillant le tour de taille de Carla Bruni, étant bien entendu que ce sont les magazines pipôle qui font leurs choux gras - et leur beurre ! - de telles pseudo informations, quand bien même quotidiens et hebdos sérieux les reprendraient-ils : sinon comment ne perdraient-ils pas de lecteurs (plutôt de lectrices, au demeurant) ?

Qu’il s’agisse d’une stratégie électorale ne m’a jamais fait de doute. J’utilisai les termes de "bébé alibi" comme (pauvre) argument électoral. La date ne me paraissant nullement laissée au hasard - vous ne me ferez jamais croire que ce cette grossesse fût uniquement l’oeuvre de Dame nature, ne serait-ce qu’en raison de l’âge des futurs parents. Nicolas Sarkozy espérant être requinqué dans les sondages par la présidence du G20 et du G8, misait également sur la "guerre des chefs" au Parti socialiste, «grand cadavre à la renverse» - avec Martine Aubry comme «gardienne d’une maison morte» selon Bernard-Henri Lévy qui ne fut au demeurant pas le seul à gauche à tirer sur l’ambulance au milieu de l‘été 2009…

Si ces (si nombreux) fossoyeurs du PS - Manuel Valls décrétant qu’il fallait abandonner le terme «socialiste» - me mirent fort en colère, leurs funestes prédictions ne me firent pas plus d’effet qu’un aca d’iau sur les plumes d’un canard, persuadée qu’à l’instar du phoenix, le PS saurait - une fois de plus - renaître de ses cendres.

Sarkofrance ne fut pas plus abusé que moi, titrant sur Marianne2 le 30 avril 2011 : L'enfant «marketing» du couple Sarkozy : «C'est la rumeur qui "passionne" la toile. Carla Bruni-Sarkozy serait enceinte. Cela fait deux ans qu'on nous le promet, qu'on nous l'annonce. Cette fois-ci, l'affaire est sortie par le magazine Closer, une référence en la matière. A quelques jours du mariage du prince Williams avec Kate, la nouvelle ne pouvait pas mieux tomber pour enrichir une semaine déjà bien chargée».

La fine équipe de conseillers qui sévissent à l’Elysée se serait-elle trompée de « plan com’ » ? j’ai tout lieu de le croire. Ils pensent «stratégie» mais ne jouent - très mal au demeurant - que des «tactiques» politiciennes à la petite semaine. Oubliant un élément essentiel de «l‘art de la guerre» : la volonté et les plans même les plus intelligents et élaborés du général en chef peuvent être mis en échec sur le terrain par une foule de détails et événements imprévisibles. L’histoire a vu ainsi nombre de victoires quasi certaines se transformer en lamentables déroutes.

Or, pour anticiper des coups sur une longue période, il faut être bien meilleure joueuse d’échec que je ne le serais jamais. Savoir avancer et se couvrir en même temps, sacrifier utilement des pièces même majeures pour que l’adversaire moins expérimenté et lucide tombât dans le piège…

Quand ils ont engagé la partie tout semblait encore pouvoir leur réussir. Ils ont donc foncé comme des débutants contre un grand maître - que l’on appellera destin, hasard, cours de l’histoire - dont ils ne surent interpréter à leur juste mesure les retournements de tendance. Sacrifiant à tout va dans leur enthousiasme de néophytes, pions, cavaliers, tours et fous du roi. Exposant inconsidérément la Reine sans s’apercevoir que «le Roi était nu». Essayant aujourd’hui de la protéger mais avec quoi ? Sur l’échiquier, il subsiste si peu de «blancs» face à l’armée pléthorique des «noirs» que la cause semble entendue. Croyez-moi : je me suis trop souventes fois retrouvée dans cette lamentable situation !

Le nouveau battage médiatique autour de cet événement donne un titre non dénué d’humour de La Tribune de Genève Il est né, le présidentiel enfant ! (19 oct. 2011) - Ah ! Pourquoi ne l’ont-ils pas plutôt programmé le 25 décembre ? Eclipser Jésus, mais c’est bien sûr ! - l’article rappelant fort opportunément «qu’il faut remonter au 16 mars 1856 pour connaître semblable événement à l’Elysée : ce jour-là, l’épouse de Napoléon, l’impératrice Eugénie accoucha de leur fils unique, Louis-Napoléon»…

J’ai trop souvent comparé Nicolas Sarkozy - Naboléon 1er - au «Napoléon le Petit» de Victor Hugo pour que la comparaison ne me fisse doucement rigoler… Croyant fonder une dynastie il en précipita l’irrémédiable chute en s’empêtrant dans l’absurde guerre de succession au Mexique avant d’être emporté en 1870 par le désastre de Sedan.

Nicolas Sarkozy peut-il encore espérer un regain dans les sondages, voire dans les intentions de vote ? Non, à en croire toujours La Tribune de Genève dont nous aurons garde d’oublier que son correspondant est en poste permanent à Paris. Bébé Sarkozy-Bruni: pas un argument de campagne, disent les experts (20 oct. 2011) car «La crise économique est trop grave pour être oubliée à la faveur d'un heureux événement, disent-ils. Ils ne voient donc pas dans la naissance de la fille du président un argument de campagne». Tout au plus pourra-t-il «susciter un sursaut de sympathie, voire d’affection».

Pour ma part, je dirais que cette naissance indubitablement programmée comme tel, ne l’est plus aujourd’hui, précisément par ce que la crise financière - et ses graves retombées économiques et sociales - a changé toute la donne, s’ajoutant à la réussite médiatique et politique des primaires socialiste. En langage rugbystique - c’est bien le moment juste avant la finale de la Coupe du Monde - nos amis du Sud-Ouest disent que «les mouches ont changé d’âne» et après l’échec : «la cabane est tombée sur le chien». S’agissant de l’Elysée, on ne saurait précisément parler d’une "cabane" : le coup sur la tête n’en serait que plus grand si Nicolas Sarkozy est évacué sur une civière en 2012.

Plutôt marrant de voir les champions de la "rose" éclipser le "carnet rose" de l’agenda présidentiel, censé être le point d’orgue d’une non-campagne, inutile puisque les adversaires étaient supposés avoir roulé au tapis.

Or donc, selon les politologues des instituts de sondage interrogés par la Tribune de Genève, «l’effet cigogne» n’aura tout au plus qu’un impact limité dans le temps «A très court terme, sur une semaine» et encore «à condition que l’événement ne soit pas trop mis en scène, les Français n’aimant pas selon lui l’exploitation publique du champ privé»… Selon Jean-François Doridot (Ipsos).

L’on retrouve d’ailleurs la même analyse chez Antoine Guiral (Libération) Sarkozy ou le piège infernal de la peopolisation (20 oct. 2011) qui rappelle combien l’instrumentalisation politicienne et la mise en scène - bling-bling de surcroît ! - de sa vie privée eurent un effet catastrophique sur l’opinion publique et que quoi qu’il fît pour «représidentialiser» son image il est empêtré dans les contradictions :

«le nouveau concept élaboré à l’Elysée consistant à ériger la non communication en communication pour tout ce qui touche à l’intimité du couple présidentiel»

A force d’en appeler au "contraire du contraire" il n’est point étonnant qu’ils se prissent si souvent les pieds dans le tapis… N’est pas donné à tout le monde de savoir manier intelligemment et subtilement l’art savant de la dialectique ! Ainsi que le note Antoine Guiral : «le piège infernal de la peopolisation s'est refermé sur lui. Il montre son enfant ou met en scène son bonheur familial, et l'on criera à l'instrumentalisation. Il le cache et fait comme si de rien était, et il lui sera reproché de faire monter la tension». Ce n’est pas moi qui le plaindrais ! Il a fait preuve depuis plus de 4 ans d’une rare inintelligence politique dans tous les domaines. Qu’il assume les conséquences de ses actes !

Jean-François Doridot ajoutant «qu’il ne faut attendre pas de petite éclaircie de popularité pour le président plombé par la crise, même un événement comme sa venue en Libye (c’est déjà de la préhistoire !) n’ayant eu aucune traduction en terme de confiance»…

A fortiori aujourd’hui tant il évident que Nicolas Sarkozy est loin de pouvoir se poser en sauveur de la Zone euro : malgré ses affirmations souventes fois répétées, il n’existe aucun accord entre lui et Angela Merkel et c’est tellement vrai que la «réunion de la dernière chance» l’est si peu que j’entendis sur France-Info qu’un nouveau sommet européen est convoqué dans la foulée.

Ce qui démontre à l’envie que le président en exercice du G8 et du G20 ne dispose plus d’aucun crédit en matière économique et financière sur la scène internationale - surtout quand la France est menacée par Moody’s de perdre son fameux «Triple A», talisman auquel se raccrochaient désespérément Sarkozy et Bercy, surtout pour nous faire avaler force pilules ultralibérales - lorsqu’il ne s’agit plus uniquement de proclamer de grands principes mais d’affronter la situation réelle… Ce n’est pas pour rien que je le compare depuis fort longtemps à un marin d’eau douce ayant pris par caprice le chemin de la haute mer, étant tout aussi incapable que le commandant de la Méduse d’affronter l’Océan déchaîné par la plus furieuse des tempêtes.

Tant pis pour les prédictions des toujours joyeux lurons de Désinformation.com ! Lesquels n’hésitaient pas à affirmer que Les photos de la fille de Carla Bruni-Sarkozy vont améliorer la notation Moody's (19 oct. 2011) et dont les délires jubilatoires - il faut lire tous les développements, ce n’est point l’imagination qui leur fait défaut - valent bien certaines déclarations idiotes de l’UMP : Luc Chatel n’a-il pas eu le culot d’affirmer que Moody’s avait sanctionné non point l’action de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement et leur dette pharaonique - 16 milliards d’euros ! - mais l’élection de François Hollande comme candidat socialiste à la présidence de la République ? Méritant donc amplement le sobriquet de «Bécassin de l’Educ-nat» dont je l’affublai il y a déjà fort longtemps.

Bruneau Jeanbart (Opinionway) n’attend pas non plus un regain de popularité : «On est trop proche de l’élection présidentielle, en un temps où les clivages se creusent et où la tourmente économique emporte le reste»… Tout au plus Nicolas Sarkozy pourrait-il y gagner «un petit supplément d’âme» sans que cela ait pour autant quelque traduction en termes de confiance.

«Supplément d’âme» ! Pour quelqu’un qui en est si manifestement dépourvu. Comment ne pas penser à la dernière perle de Nadine Morano : "Cette naissance va donner plus de sérénité au Président" «Malgré ses très lourdes responsabilités» - surtout si on lui impute celle de l’abyssale dette ! - a-t-elle déclaré sur RTL le 20 avril 2011...

Pour en terminer avec les politologues, impossible de ne pas épingler François Miquet-Marty (Viavoice) - ce ne sera en ce qui me concerne ni la première ni sans doute la dernière fois - qui, en mai dernier jugeait que «l’image du président en serait rajeunie avec un impact qui ne pouvait pas être négatif» et qui cinq mois plus tard «ne voit pas dans quelle mesure un bébé pourrait contrebalance les trois discrédits dont souffre le président : économique et social, moral» ce qu’il résume de façon aussi lapidaire que réaliste : «La naissance d’un bébé n’est pas la renaissance d’un homme politique». De profundis ?

Je ne m’intéresse pas à la vie des pipôles, sauf lorsque cela a des répercussions sur la vie politique. Il m’avait semblé que cette naissance devait intervenir plus tardivement, dans le courant novembre… C’est qu’ils avaient drôlement bien programmé leur coup : juste après les primaires socialistes dont-ils espéraient le plus lamentable des fiascos !

Mon œil fut néanmoins attiré mardi matin en consultant Google-Actualité par un titre iconoclaste d’Atlantico Carla : un bébé pour rien ? (15 oct. 2011) tellement il confortait mon opinion. Je ne pouvais donc manquer d’y aller voir pour apprendre sous la plume de Barbara Lambert que «87 % des Français se contreficheraient du bébé de Carla» selon un sondage Harris Interactive pour “Grazia” dont l’article n’est pas franchement favorable aux Sarkozy : «Cette histoire rose bonbon de bébé apporté en pleine campagne à une femme de 43 sans fait se demander si la cigogne n’a pas un peu trop bien calculé son coup médiatique»… Bien vu !

Barbara Lambert n’est guère plus tendre dans son intertitre : «87 % de désintéressés ou d’écoeurés ?», reprenant les arguments de bon sens développés par les journalistes de “Grazia” : «Après six mois de feuilletonnage de l’affaire DSK, on est écoeurés : la vie privée, on souhaite plus que jamais qu’elle le reste. Et après cinq ans de com politique calibrée à outrance sur fond de crise économique, on n’en peut plus, on ferme les écoutilles. (…) Lors de la dernière présidentielle, c’était nouveau, c’était fun de voir les stars de la République se faire piéger (…) Et surtout, à l’époque, ça leur échappait»… Pour le reste, elle reprend les mêmes arguments qu’Antoine Guiral dans Libé.

Mais est-ce si vrai que les Français s’en désintéressent ?

Sans prétendre bien entendu que cela aura l’impact électoral espéré en son temps par le clan Sarkozy. Belle hypocrisie chez un certain nombre qui la jouent intello, donc dédaignant de telles fadaises uniquement bonne pour amuser le populo. Phénomène identique s'agissant de la kyrielle d'émissions de télé-réalité que je serais bien incapables de nommer et dont j'aperçois le titre sur la Une de quelques journaux ou sur Google-Actualités. Vous leur arracheriez la langue plutôt que de leur faire admettre qu'ils restent scotchés devant la télé jusqu'au clap de fin.

S’ils n’étaient si friands de la vie des pipôles il n’y aurait à l’évidence pas autant de magazines à en traiter. J’avoue que je connaissais pas l’existence de Grazia avant d’avoir parcouru cet article. Et surtout, je fus stupéfaite de la véritable volée de bois vert reçue par Barbara Lambert dans les commentaires d’un nombre non négligeables de lecteurs. Certains lui conseillant d’aller plutôt chroniquer à Libération, au Monde voire à Médiapart… Comme si l’on ne pouvait à la fois être journaliste spécialisée dans l’étude de la presse pipôle et avoir l’esprit critique !

Il reste que je fus véritablement baba devant le déferlement médiatique. J’avais enregistré l’article d’Atlantico mais n’y voyant aucune urgence je pensais m’en servir plus tard. Or, mardi soir, épuisée par plusieurs nuits d’insomnie ou trop courtes, et des journées surchargées de travail (sans oublier celle du dimanche, consacrée au scrutin de la primaire) je décidai de dîner tôt pour aller me coucher dans la foulée, sachant par expérience que je pique du nez - les Canadiens ont une jolie expression qui appellent cela «planter des clous» dès la dernière bouchée avalée. C’est d’ailleurs pour cela que je recule parfois très tard l’heure de mes repas pour ne pas devoir interrompre le travail en cours, quasi certaine que je ne pourrais le reprendre ensuite.

Comme bien souvent, je dînai devant la télévision où j’appris ainsi sur BFM-TV que l’accouchement était imminent, Sarkozy étant venu et reparti, et patati et patata. C’était devenu l’événement majeur de la journée. Pas pour moi qui m’allai coucher aussi tôt que prévu (vers 19 heures) et m’endormis quasi instantanément, après avoir lu quelques pages d’un livre qui m’intéressait pourtant.

Cherchant hier les rares articles susceptibles de m’intéresser sur le sujet - tous cités ici - je m’aperçus du raz-de-marée médiatique : rien moins que 19 pages sur Google ! Bien évidemment la presse pipôle mais aussi l’ensemble des journaux réputés sérieux - presse nationale, PQR et hebdos d’information. Même la Chine n’était pas en reste : le «quotidien de Pékin» et «Chine on line» ! Ils gardent un œil sur les faits et gestes de leur “meilleur ennemi“…

Par le plus grand des hasards, voyant sur un des articles de la Tribune de Genève une photo avec la plaque indiquant «Rue Nicolo» je me souvins avoir fait des gardes il y a belle heurette à la désormais célébrissime Clinique de la Muette comme nombre de «petites bleues» de l’Assistance publique pendant mes études d’infirmière. Nous étions payées comme aide-soignante (le Smic était alors à 3 francs de l’heure ; 3 € actualisés) et quelques vacations de 12 heures dans le mois permettaient de compléter les 80 francs par mois (90 €), nettement insuffisants.

Pour l’essentiel, les cliniques où je fis des gardes de jour ou de nuit pendant mes deux années d’études étaient situées dans l’étroit périmètre entre le Trocadéro et le métro Muette, rue de Passy ou de La Tour. Cela supposait un long trajet - pas de RER à l’époque - entre le XVIe et la rue de Bagnolet (lEcole Debrousse était située rue des Balkans dans le XXe). Une heure matin et soir.

Mais, contrairement à une clinique du IXe arrondissement où je fis un certain nombre de gardes, à la Clinique de la Muette nous avions réellement une heure pour manger dans une salle à manger tandis que dans l’autre, l’on nous montait un plateau-repas qu’il nous fallait avaler dans le minuscule poste d’infirmière en étant constamment dérangées par les sonnettes…

L’ambiance parmi le personnel était loin d’être désagréable à la Clinique de la Muette, bien au contraire. Les infirmières, sachant que nous étions de futures consoeurs avaient à cœur de nous apprendre les gestes et savoir-faire que nous ne connaissions pas encore. C’est bien pour cela qu’outre le peu d’argent que nous en tirions mais qui nous était indispensable, je ne regrette nullement d’avoir sacrifié des week-end ou des nuits, ayant au demeurant suffisamment d’énergie et de santé - heureux temps ! - pour assumer de front ce travail, les stages du matin à Tenon et les cours, la préparation des interros et examens, tout en ayant également des activités politiques et syndicales. Car il m’est arrivé souventes fois à l’hôpital ou lors des séances de travaux pratiques à l’école d’avoir affaire à des gestes - en principe nouveaux pour nous mais appris la veille pendant une garde, grâce aux infirmières… J’étais moins empotée !

Il y avait de surcroît, rue de Passy au débouché de la rue Nicolo un petit bar-tabac sans prétention où je faisais facilement une pause après une garde de nuit. Notamment un matin dont j’ai le parfait souvenir. Je sortais d’une garde particulièrement éprouvante, je dirais même horrible. Et j’y passai bien une heure sinon plus pour essayer de m’en remettre. J’avais dû faire - seule - une toilette mortuaire, extrêmement difficile et répugnante et surtout ! fort pestilentielle. L’infirmière de nuit de l‘étage, nettement moins sympa que ses collègues de jour - et qui s’est bien gardée de venir m’apporter la moindre aide - avait eu la prévenance de me donner le petit-déjeuner avant… Me disant «Vous en aurez besoin». Pouah ! Je me demande comment il a réussi à rester dans mon estomac… Ce ne sont pourtant pas les allers-retours et autres hauts de cœur qui auront manqué.

Voilà comment la petite actualité pipôle de Sarkozy et Carla rejoint les si lointains souvenirs d’élève infirmière de mémé Kamizole. Encore une fois, je ne suis ni Mame Soleil ni la Pythie et ne saurais donc prédire si Nicolas Sarkozy a fait «une campagne électorale de trop» ! Ceux qui vivront verront.


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