Nous vous avons emmené, il y a quelques mois, sur l’idyllique cote Ouest de Colombie Brittanique, où la nature n’a pas encore grillé ses dernières cartouches : les jeux olympiques de Vancouver, prévus en 2010, auront bien besoin de l’air frais des montagnes environnantes, et de forêts bien entretenues pour les touristes attendus. Car si les écologistes locaux ont toujours quelque cause à défendre sur place, ils sont bien sur, comme le reste de la planète, complètement désemparés alors que s’étendent, au Nord de l’Alberta voisin, des opérations d’extraction de pétrole qui prennent une ampleur biblique. Une vidéo, visible sur YouTube, datée d’il y a quelques années, dresse un tableau paradisiaque de la rente pétrolière qui s’annonce, alors que les prix du baril explosant rendent les investissements rentables dans cette région. Mais il ne faut pas se leurrer : Bill Reinert, cadre chez Toyota, spécialiste de la Prius, était il y a quelque temps interviewé par Bloomberg, pour un article dont le titre ne laisse plus aucune ambiguité sur l’époque que nous engageons. Nous sommes bels et bien entrés dans la fin de l’Age du Pétrole, The End of the Oil Age, selon l’agence de presse financière la plus diffusée sur la planète.
Fort Mc Murray, au Nord de l’Alberta
Car, selon Bill Reinert, pour en arriver à de telles entreprises, il faut être sacrément dans le besoin : les pétroles bitumeux de l’Alberta sont extrêmement couteux et leur extraction ressemble plus à des opérations minières qu’à de l’exploitation pétrolière. Il faut se représenter le processus : des camions aussi lourds que des boeing 747, des centaines de tonnes de minerai à chaque aller retour, des milliers de litres d’eau, et du gaz à profusion, voilà à quoi ressemblent les derniers soubresauts d’une industrie qui ne s’est pas encore préparée à la pénurie annoncée. Pour extraire un baril de pétrole des sables de Fort Mac Murray, il faut 1000 litres d’eau, 40 m3 de gaz, pour 2 tonnes de minerai. D’ici quelques années, la production aura atteint un niveau suffisant pour justifier l’installation d’une centrale nucléaire sur cette zone montagneuse située à 200km au Nord d’Edmonton, voisine de Calgary. C’est ce qu’on appele un sacrifice écologique ! Certes, la population locale, et tous les habitants de l’état de l’Alberta, bénéficient de cette nouvelle manne : des sorties touristiques sont même organisées pour les voyageurs en manque de sensation. A quel prix ?
Ci dessous : extrait d’une vidéo de présentation des “capacités économiques de l’Alberta”