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LETTRES A TOUSSENOT (BRASSENS)
Ami indéfectible et indécrottable, le jeune Georges Charles Brassens a entretenu une correspondance enthousiaste avec Roger Toussenot, journaliste rencontré dans les couloirs du journal Le Libertaire. Les liens sont forts et les échanges sont exaltés, Brassens allant jusqu’à écrire à Toussenot : « Toi, tu es l’ami du meilleur de moi-même. » Cette correspondance a été confiée à Janine Marc-Pezet par Pierre Ontoniente, secrétaire et également ami de Brassens. C’est Toussenot lui-même qui a opéré, fin 1954, une sélection dans les lettres qu’il a reçues de son ami, afin d’éclairer « plus réellement l’invisibilité d’un grand poète de la révolte et de la mort ».
Dans cette édition, seules les lettres de Brassens sont reproduites. Elles permettent de suivre fidèlement une période charnière dans la vie de l’artiste. De 1946 à 1952, il passe d’une vie de reclus et de disette aux premiers succès : le premier album 33 tours (La mauvaise réputation) sort en 1953. A ce moment-là, pourtant, le chanteur ne pense qu’à une chose : aider les « bons copains » qui ont partagé les jours de vache maigre depuis 1944.A cette date en effet, le jeune poète décide de ne pas retourner au travail obligatoire en Allemagne. Il se cache 9 impasse Florimont, chez Jeanne Le Bonniec (La Cane de Jeanne ;Chez Jeanne et Marcel Planche (Chanson pour l'Auvergnat ). Cette impasse a été un lieu de maturation pour Brassens. Tandis que son ventre crie famine, il s’insurge déjà contre les cons, les flics, les gens vertueux, les faux libertaires et les vrais imbéciles. Roger Toussenot devient, à distance, son oxygène, sa nourriture, lui qui apporte ou envoie des victuailles et surtout matière à alimenter et faire mûrir l’esprit du texte tel que Brassens le défendra quelques années après : « C’est toi, abominable philosophe, qui m’excites, qui me pousses, qui prend un plaisir sadique à me faire penser, à me rendre intelligent ! Comme si le fait d’être ne suffisait pas à un homme de ma condition, il faut encore que tu m’obliges à survoler, bandit ! ». Au fil des lettres, le chanteur naissant rencontre les auteurs de textes qu’il mettra en musique, débat à propos des thèmes qui lui tiennent à cœur : « La chanson un art mineur? Ou quelque chose dans ce goût-là...? Il y a des chansons mineures, voilà tout. C’est un préjugé. » ; et surtout, d’un œil à la fois indulgent et exigeant, il regarde évoluer ses amis et le monde qui l’entoure. Pour les croquer, plus tard, d’un trait de plume et de quelques accords de guitare.
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