Depuis le lancement du premier Kindle, en novembre 2007, Amazon n’est plus la même société. Son offensive sur le terrain du livre numérique, décriée à l’époque par de nombreux analystes, a métamorphosé l’entreprise. Le Kindle et la librairie numérique Kindle Store associée n’ont ni plus ni moins que créé un marché pour l’ebook, un contenu à la recherche de son lectorat depuis les années 90. La massification des pratiques de lecture numérique grâce au Kindle a aussi poussé la firme de Seattle à revoir son produit. Le prix est l’élément sur lequel l’essentiel de l’effort s’est porté. Du coup, ce nouveau Kindle innove-t-il par rapport à la génération précédente?
Il est vrai que lors de sa présentation par Jeff Bezos, le Kindle entrée de gamme a été mis en avant surtout pour son prix plancher : 79 $ ou 99 € en Europe. Pourtant, le Kindle 4 a tout d’un vrai Kindle et partage de nombreux points communs avec son prédécesseur : écran E-Ink Pearl, interface logiciel, connexion WiFi pour un accès direct à la librairie numérique d’Amazon etc. En revanche, le design change de manière radicale et abandonne le clavier physique complet qui fit la particularité du reader depuis sa première génération. Le possesseur d’un Kindle 3 ne sera pas dérouté par ce nouveau produit qui n’a fait pas de concessions sur l’ergonomie (cf. Opération Sandwich : la clef du succès du Kindle).
Même si son bas prix le rend très attractif, est-ce que ce Kindle est un bon ereader? Pour quels types d’usages? Faut-il abandonner son Kindle 2 ou Kindle 3 pour ce nouveau produit? À l’heure où Amazon s’attaque au marché européen, est-ce que ce reader, pour l’instant seul modèle distribué sur le continent, lui permettra de transformer l’essai de son succès aux États-Unis?
Les questions ne manquent pas et c’est en les gardant à l’esprit que j’ai pu tester le Kindle pendant près de trois semaines. Une durée nécessaire pour étudier le reader en conditions réelles d’utilisation, vérifier l’autonomie de la batterie, découvrir les fonctionnalités cachées et dénicher les éventuels bugs. Un travail qui m’a amené à relever des grandes qualités pour ce modèle, ainsi que certaines limitations qui pourront s’avérer gênantes… Bonne lecture !
Le déballage
Commandé dans l’heure qui suivit la conférence de presse d’Amazon, il fallut à peine 48 h pour que DHL livre le colis. Si le credo du service Kindle est « n’importe quel livre, en moins de 60 secondes », on est toujours étonné par l’efficacité de la logistique d’Amazon pour livrer des produits physiques. L’emballage est moins volumineux que celui du Kindle 3, grâce au design minimaliste du reader. À l’intérieur de la boîte, Amazon s’est limité au strict minimum : le Kindle, un câble USB vers microUSB et un petit dépliant qui explique comment recharger son reader et présente les conditions générales d’utilisation.
On ne peut guère faire moins. À cause de ce prix plancher, tous les accessoires sont en option : pour une housse, il faut compter au minimum une trentaine d’euros tandis que le chargeur secteur revient à 9,99 €. Au final, si l’on veut équiper son Kindle au complet, il faudra payer une facture avoisinant les 150 €. On s’éloigne alors du budget minimal annoncé par Amazon pour se lancer dans la lecture numérique. Cependant, un bon nombre des utilisateurs se contentera du reader « nu ».
Prise en main
Le design
Le design du produit est surprenant, surtout pour un utilisateur régulier des précédentes générations de Kindle. Comme indiqué précédemment, le clavier physique a disparu, limitant le nombre de boutons à huit, en plus du pad de navigation. La coque en plastique et en aluminium (une astuce pour rigidifier la coque) permet au Kindle d’être étonnement léger tout en conservant la même finesse que le précédent modèle. La tenue en main est agréable et va devenir sans difficulté la nouvelle référence du marché. Ni trop lourd, ni trop léger, parfaitement équilibré, ce confort dans la prise en main est un avantage sans conteste par rapport aux livres papier.
Amazon a réussi à concevoir un produit qui se fait oublier pendant la lecture. Le coloris gris métallique fait ressortir l’écran E-Ink. Une impression d’optique, grâce à une bordure noire autour de l’écran, augmente astucieusement son contraste. Même sur un produit à 99 €, Amazon a le souci du détail, comme si sa mission n’était pas simplement de promouvoir les usages de lecture numérique, mais de définir le support de lecture idéal. On retrouve sur chaque côté de l’appareil deux boutons pour le changement de page (conformément aux codes de l’« Opération Sandwich »). Couplé à sa légèreté étonnante, le reader s’utilise sans problème d’une seule main.
En bas de l’écran se trouvent quatre boutons de commande pour revenir à l’écran précédent, activer le clavier virtuel, ouvrir le menu ou revenir à la page d’accueil de sa bibliothèque. Le bouton de navigation se trouve au centre et reprend le design de celui qui équipait le Kindle 3. Il sert à naviguer dans les menus avec une bonne aisance et fait ainsi oublier l’absence d’écran tactile.
Premier allumage
Lorsque l’on reçoit un Kindle, il est pré-enregistré avec le compte Amazon qui a servi à acquérir l’appareil. Les utilisateurs du Kindle Store depuis la première heure (donc en passant par Amazon.com) pourront transférer leur compte Kindle vers la plateforme d’Amazon.fr sans difficulté, et sans perdre leurs achats (cf. Astuce : comment faire la transition vers le Kindle Store français?).
Passé le choix de la langue et la première initialisation, il sera nécessaire de connecter le Kindle à une borne WiFi. L’absence de connexion 3G se fait ressentir lors de cette première étape… La seule connectivité WiFi peut être une contrainte.
La bibliothèque
Au premier lancement, le Kindle s’ouvre sur la page d’accueil (accessible depuis le bouton correspondant). Il s’agit de la bibliothèque du reader, bien vide au premier lancement. En passant par le menu « Archives », on peut facilement remplir le Kindle de ses contenus précédemment acquis et récupérer sa bibliothèque complète en quelques instants.
En revanche, il faut noter que cette fonction de récupération ne concernait que les ebooks achetés chez Amazon et pas ceux chargés manuellement sur le reader. En effet, ces textes n’étaient pas sauvegardés jusqu’à présent sur les serveurs d’Amazon. Mais aujourd’hui, il est possible d’y remédier en envoyant ses ebooks personnels à l’adresse email associée au reader et ils seront stockés sur les 5 Go de stockage gratuitement associés à chaque compte Amazon. Par chance, cette fonction est aussi proposée en France, même si elle est peu mise en avant sur Amazon.fr !
Le Kindle 4 s’offre une part de stockage dans le Cloud d’Amazon pour contrebalancer une mémoire interne de seulement 2 Go (contre 4 Go sur le précédent modèle) et non extensible par carte mémoire. Une parade astucieuse de la part des ingénieurs d’Amazon qui ont pesé le rapport entre le coût de 5 Go sur un serveur et d’intégrer 2 Go de mémoire Flash de plus. Nul doute que la solution du Cloud était de loin la moins coûteuse…
La bibliothèque se présente sous forme d’une liste classée soit par « Collections », « Auteur », « Titre » ou suivant l’élément le plus récent. En ouvrant le menu, il est possible d’effectuer une recherche texte dans sa bibliothèque. Cependant, si cette fonction était particulièrement véloce avec le clavier physique du précédent Kindle, la chose devient laborieuse avec le clavier virtuel de ce modèle. Pour organiser sa bibliothèque, il faut créer des collections. En revanche, impossible de créer des sous-collections pour organiser ses dossiers avec des catégories plus fines. Grâce à la dernière mise à jour logicielle, il est possible de récupérer les collections créées sur son précédent Kindle en passant par le menu « Archives ». Amazon facilite grandement la transition vers un nouvel appareil. Pourtant, est-ce que cela vaut le coup d’abandonner son Kindle 3 pour ce nouveau modèle?
Les fonctions avancées
Les possesseurs d’un Kindle 2 ou 3 trouveront plusieurs manques à ce modèle. La section « Fonctions expérimentales » ne devrait plus être au pluriel puisqu’on n’y trouve plus que le navigateur web. Basé sur WebKit, il est semblable à celui qui équipe le Kindle 3 : le rendu est plutôt bon et la vitesse d’affichage au rendez-vous (même si l’écran E-Ink contraint parfois la navigation). Le programme est plutôt complet puisqu’il permet d’ajouter des signets (pas simple de taper une URL sans clavier…) et propose un mode « Article ».
Ce dernier remplace la mise en page du site pour garder uniquement le texte et les images de l’article (à la manière d’Instapaper). Du coup, le contenu est plus agréable à lire. Il est dommage en revanche que l’on ne puisse pas sauvegarder directement un article en ebook pour le lire ultérieurement.
Le navigateur web est donc la seule fonction expérimentale disponible. Le Text-to-speech ou le lecteur audio ne sont plus présents, en raison de l’absence de sortie audio sur le reader, ni de haut-parleurs. Pour retrouver ces fonctionnalités, il faudra se rabattre sur le Kindle Touch qui n’est pas encore proposé à la vente en Europe. Mais ces fonctions sont-elles bien utiles sur un ereader?
La lecture
Le Kindle est avant tout un appareil de lecture. En supprimant le clavier sur ce modèle, Amazon a confirmé cet usage. Le Kindle 4 n’est rien d’autre qu’une clef USB avec un écran E-Ink. D’ailleurs, cet écran n’évolue pas par rapport à la précédente génération d’appareil. Il s’agit toujours d’un écran E-Ink Pearl avec une résolution de 600×800, au contraste idéal. Avec cet écran, E-Ink a atteint une qualité d’affichage optimale et désormais, les améliorations possibles n’ont que peu de conséquences visibles sur l’affichage d’un texte. Ainsi, le Kindle est un produit idéal pour lire des ebooks ou recevoir la presse.
Les ebooks
Le confort de lecture d’un ebook et les fonctionnalités proposées ne changent pas par rapport aux premiers Kindle. Toujours pas de possibilité de changer de type de police, mais 8 tailles différentes sont proposées, l’interligne et les marges peuvent être réglés. Cependant, ces modifications ne fonctionnent pas sur tous les fichiers. Certains éditeurs ayant mal formaté leur AZW limitent ces fonctions de personnalisation (Nous ne manquerons d’ailleurs pas de revenir dans un prochain article sur la qualité très inégale des fichiers vendus par les éditeurs français sur le Kindle Store.)
La principale nouveauté visant à améliorer le confort de lecture est la disparition du fameux « flash noir », encore présent sur le Kindle 3. Il ne disparaît pas totalement puisqu’il se déclenchera tous les six changements d’écran, pour optimiser le rendu. Amazon s’aligne sur ce que propose le Kobo Touch et le Nook Touch. Malheureusement, cet ajout (qui n’est que logiciel) n’a pas été inclus dans la mise à jour 3.3 destinée au Kindle 3. Amazon a parfois tendance à vite oublier ses anciens clients…
Remarque : Amazon propose sur son site une mise à jour du Kindle, numérotée 4.0.1. Facultative, elle permet de rétablir le flash noir entre chaque changement d’écran. Bien entendu, cela reste réglable dans un nouveau menu dans la section Paramètres.
Compte tenu de la taille de son écran (6 pouces de diagonale), le Kindle est un appareil dédié à la lecture de romans ou d’essais. Lire de la bande dessinée sera laborieux tandis que les ebooks enrichis n’y ont tout simplement pas leur place. Une fois de plus, l’écran E-Ink fait des merveilles et permet de lire dans un confort optimal.
En revanche, il faut se limiter à la simple lecture sur ce modèle. Les fonctions de prise de notes, même si elles sont présentes, ne sont pas mises en avant. L’utilisation de ces outils n’est pas aussi intuitive qu’avec le design du Kindle 3. Si la sélection du texte se fait de manière identique (à l’aide du pad de navigation), l’usage du clavier virtuel est laborieux (même si le classement des caractères par ordre alphabétique le rend simple d’utilisation). Taper un ou deux mots associés à une note sera sûrement la limite avec cette solution…
Plusieurs sources chez Amazon nous ont précisé que des enquêtes auprès de leurs consommateurs ont relevé que la prise de note texte était relativement limitée par rapport aux surlignages et au partage sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter). Le fait que le Kindle 3 (avec son clavier physique) soit resté au catalogue prouve que pour certaines utilisations, notamment dans les écoles où la prise de note texte est une pratique courante.
Ce reader lowcost a été élaboré pour pratiquer une lecture « basique », livre par livre, sans s’attarder sur la prise de notes. En somme, ces limitations font du Kindle 4 un reader très grand public. Les performances sont au rendez-vous puisque ce modèle est équipé du dernier processeur Freescale i.MX508 cadencé à 800Mhz. Le Kindle est d’une rapidité étonnante, notamment à la sortie de vieille ou lors d’un passage d’un ebook à un autre.
Le Kindle 4 est compatible nativement avec les formats Amazon (.AZW), Mobipocket (.MOBI, .PRC), mais aussi les PDFs. Le rendu sur ce dernier format nous a agréablement surpris, surtout avec un fichier formaté en A4. Même si le reader ne propose pas de fonction reflow, l’affichage est plutôt bon, comme le montrent ces images. Reste que la police pourra paraître un peu petite mais plusieurs niveaux de zoom permettent de régler cela. Le processeur i.MX508 rend ce processus plus rapide et facilite ainsi la navigation dans le document.
Le reader peut aussi lire des documents Word, HTML ou RTF, mais il est nécessaire d’envoyer le fichier en question à l’adresse mail associé au reader afin de recevoir automatiquement une version convertie dans le format Kindle. Du coup, un accès à Internet est nécessaire pour cette conversion. Sinon, le reader d’Amazon est parfaitement compatible avec Calibre qui sera particulièrement utile pour convertir une collection d’ebooks en EPUB en Mobipocket en un seul clic. Bien entendu, le résultat de la conversion n’est pas toujours optimal, mais sur la majorité des fichiers, la différence ne sera pas visible.
La presse
Le Kindle est aussi lié à une offre de presse à laquelle le lecteur peut s’abonner en se rendant sur la boutique Kindle (depuis le reader ou n’importe quel navigateur Web). Un choix conséquent de quotidien en français est proposé ainsi que des titres internationaux, journaux ou magazines. On remarque l’absence de certains titres nationaux, mais il est fort probable que ces éditeurs attendent l’arrivée du Kindle Fire pour se lancer sur cette plateforme. Car il faut le reconnaître, la forme sous laquelle sont proposés les journaux laisse parfois songeuse.
Si un sommaire permet de parcourir rapidement le contenu d’un journal (achat à l’unité ou livraison automatique à la publication avec l’abonnement), les articles sont affichés dans un simple format texte. Lorsque l’image d’illustration est essentielle à la compréhension de l’article, il est inséré dans le fichier. Même chose pour les schémas et graphiques. Cependant, la forme impose une lecture linéaire du titre, comme un livre. La mise en visibilité des différents articles n’est pas ce qui se fait de mieux. Heureusement, il est possible de garder une copie d’un article intéressant (une sauvegarde texte récupérable sur le reader). Pour le prix payé, c’est la moindre des choses.
Comme nous le signalions dans un précédent article, les tarifs des abonnements sont assez exorbitants. Ils sont équivalents à ceux d’un abonnement à l’édition web (ou iPhone/iPad) alors que l’abonné Kindle n’aura pas accès aux mêmes fonctionnalités (cf. Kindle : l’abonnement aux journaux est une mauvaise affaire).
Espérons que cette situation changera rapidement, car pour l’instant, il est plus rentable de récupérer des journaux à l’aide de Calibre et les convertir directement en Mobipocket… Le tout gratuitement !
L’écosystème Kindle
Faire un test du Kindle sans parler de l’écosystème qui l’entoure serait oublier une partie importante du produit en lui-même. En effet, grâce à un large panel d’applications (iOS, Android, WebOS, Windows Phone, Blackberry etc.), une lecture commencée sur un Kindle 4 peut être poursuivie sur un autre terminal. Mis à part Kobo, Amazon est le seul acteur à proposer une telle fonctionnalité en France. De plus, on retrouve les mêmes fonctionnalités d’une application à une autre. En revanche, certains contenus ne sont pas encore compatibles avec les applications pour tablettes et smartphones.
Une fois encore, les journaux téléchargés ne sont pas lisibles depuis l’iPad par exemple. En cause, la politique des éditeurs français qui préfèrent privilégier leurs applications dédiées. Une fois de plus, l’abonné Kindle est loin d’être favorisé. Dommage.
L’écosystème Kindle repose sur une fonctionnalité existant depuis le tout premier Kindle : le Whispersync. Ce système permet de synchroniser les lectures entre tous les appareils Kindle (ou applications). Cela comprend la synchronisation de la dernière page lue, des marque-pages, mais aussi des notes. Bien entendu, cette fonction nécessite un accès à Internet et l’absence de 3G sur le Kindle 4 se fait ressentir. Il faudra nécessairement se trouver à côté d’un point WiFi pour que ces données soient transmises aux serveurs d’Amazon.
Cependant, jusqu’à présent, le Whispersync fonctionnait uniquement avec les ebooks acquis sur la librairie d’Amazon. Désormais, tous les ebooks stockés sur votre Kindle bénéficieront du Whispersync, à condition d’avoir été transférés sur le reader par l’intermédiaire de l’adresse email associée. Dans ce cas, ils sont stockés également sur le Kindle Cloud (5Go d’espace de stockage gratuit) et peuvent être transférés sur n’importe quel appareil, à la demande, et avec toutes les données associées à l’ouvrage. Sur ce point, l’écosystème d’Amazon a une longueur d’avance sur la concurrence et facilite ainsi la gestion de la bibliothèque pour les utilisateurs néophytes. Au final, le câble USB fourni avec le reader n’a plus d’utilité que pour servir à le recharger…
La librairie
Fin 2007, Amazon lançait le premier Kindle, le premier ereader directement connecté à une librairie numérique. Le couple, reader E-Ink et librairie numérique, s’est révélé être un véritable succès commercial permettant de vendre plusieurs millions de Kindle et plusieurs dizaines de millions d’ebooks. Aujourd’hui, Amazon propose aux États-Unis l’une des offres de contenus la plus développée, soit près d’un million de titres payants et plusieurs centaines de journaux et de magazines. À cela va venir s’ajouter une offre de bande dessinée pour la tablette Kindle Fire et une nouvelle section dédiée à la littérature jeunesse.
Mais quid de la boutique Kindle française? Pour l’instant, l’offre proposée est majoritairement en langue étrangère (anglais, allemand et espagnol). En effet, ce sont plus de 800 000 titres qui sont disponibles à l’achat et 35 000 issus des éditeurs français. Il est sûr qu’en comparaison, l’offre anglo-saxonne est bien plus importante, mais le Kindle Store français est quand même la librairie francophone la mieux achalandée. Les grands groupes d’édition ont tous signé, de Gallimard à Hachette, en passant par Flammarion, Editis et bien d’autres. Si pour l’instant les catalogues de certaines de leurs marques sont encore restreints, l’effort de numérisation est en cours et le choix va se développer au fil des mois.
La librairie Kindle est particulièrement simple d’utilisation. L’achat se fait en quelques clics depuis le reader (qui est lié au compte Amazon du lecteur). En revanche, la navigation dans la boutique n’est pas optimale. Les catégories continuent parfois des ouvrages qui n’auraient rien à y faire, tandis que le moteur de recherche est encore approximatif. L’entrée par le classement des meilleures ventes n’est pas non plus l’idéal quand on voit le manque d’originalité : le classement se partage entre quelques livres d’auteurs à grand tirage, beaucoup de littérature rose et d’ouvrages issus du domaine public…
Il s’agit là de défauts de jeunesse. On ne retrouve pas de telles choses sur Amazon.com. La boutique française n’est pas encore rodée et cela s’en ressent dans le manque de pertinence des propositions des algorithmes de recommandation. Si à terme le Kindle Store français va ressembler fortement à son pendant américain, il faudra encore plusieurs mois aux équipes parisienne et luxembourgeoise pour optimiser leur architecture. A moyen terme, l’écosystème Amazon risque de doper la croissance du marché français du livre numérique.
L’autonomie
Le Kindle ne nous a vraiment pas déçu sur ce point. Pourtant, sa batterie a un capacité deux fois plus petite que celle du Kindle 3. Amazon annonce 1 mois d’utilisation tandis que le Kindle Touch (qui reprend la batterie du Kindle 3) atteindrait les deux mois en moyenne. Il se trouve que le petit reader a tenu sa promesse en disposant de plus de 30% de sa batterie au bout de trois semaines d’utilisation. Chaque jour, 1h30 de lecture était pratiqué chaque jour, soit le temps des trajets en transport en commun. Ce protocole de test nous semble bien refléter la “véritable” autonomie d’un reader qui, même s’il pourra être utilisé à une fréquence supérieur ou plus réduite, s’établira souvent autour de cette moyenne.
Conclusion
Avec le Kindle 4, Amazon dispose d’un reader entrée de gamme de qualité, dont le prix plancher (99 €) le laisse à la portée d’un grand nombre de bourses. La firme de Seattle arrive à peine en France et s’adresse d’emblée au coeur de marché : les lecteurs de romans. Car il faut reconnaître que ce reader est plus limité que son prédécesseur : absence de clavier physique presque regrettable (surtout à cause du manque d’ergonomie de son pendant virtuel), une seule connexion WiFi et pas de 3G, pas de Text-to-Speech ni de lecteur audio, mémoire interne limitée à 2 Go. L’étudiant qui souhaite prendre des notes régulières sur les textes qu’il étudie sera rapidement frustré… Pourtant, le Kindle 4 répond parfaitement à l’objectif fixé par Amazon : proposer un reader lowcost, à la portée du plus grand monde.
Il y a eu de nombreux essais de fabricants visant à proposer le reader le moins cher possible. Cependant, cela s’est souvent fait au prix de la disparition de l’écran E-Ink pour un LCD ainsi que d’une ergonomie déplorable et une durée de vie limitée du produit. Amazon n’a clairement pas pris cette voie. Grâce à son volume de vente, la firme a pu concevoir un reader à 79 $/99 € sans lésiner sur les matériaux ni l’ergonomie (même avec l’absence d’écran tactile). Ce nouveau modèle de Kindle est dans la droite lignée de ses prédécesseurs : un ereader E-Ink centré sur la lecture de romans et d’essais. En diversifiant sa gamme avec le Kindle Touch et le Kindle Fire (bientôt disponibles en France), Amazon offre aussi des terminaux plus complets pour des utilisateurs exigeants. Mais pour le coeur du marché, le Kindle 4 est un bestseller en puissance. Un reader basique et sans fioritures, pour lire et rien d’autre.
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