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Tamaki Suzuki est écrivain. Elle voue une fascination certaine pour un livre de Mikio Midorikawa, Innocent, lequel avait fait scandale lors de sa parution, notamment pour son caractère autobiographique. Tamaki, elle, se sent comme investie d'une mission : retrouver l'identité de cette O., femme énigmatique dont on ne sait au final que peu de choses, si ce n'est qu'elle est à l'origine d'une bouleversante histoire d'amour. Une histoire qui n'est pas sans résonances avec celle de Tamaki. Elle a vécu, et vit toujours d'une certaine façon, une liaison conflictuelle avec son ancien éditeur.
Intrusion fait partie de ces livres qui brillent autant par leurs qualités que par leurs défauts. Les uns et les autres alternent mais au final, c'est un sentiment de déception qui plane.
Si Intrusion est un livre sur la quête, quête autour d'un mystère, quête de l'amour mais aussi quête de soi, il est difficile de le percevoir comme un roman policier, ni comme un roman noir. Autant le dire tout de suite pour ceux qui, étant donné la collection à laquelle appartient ce livre, seraient en droit d'attendre une intrigue policière. Quand bien même j'aurais très bien pu apprécier Intrusion s'il n'avait été entaché de scènes insipides dont je n'ai eu que faire, et qui prennent malheureusement le pas sur d'autres plus touchantes ou même plus prenantes.
J'apprécie toujours de me confronter à d'autres cultures dans les livres, d'avoir l'impression de toucher au plus près de celles-ci, loin des clichés habituellement véhiculés ou même de ceux que je me suis construits. De ce point de vue là, j'ai trouvé les livres de Aki Shimazaki plus parlants, plus révélateurs des fondements d'une société, de ses valeurs et de ses traditions. La griffe de Natsuo Kirino laisse moins percevoir ceci. L'approche est plus diluée, ne permet qu'une immersion par petites touches. Alors certes, elle s'intéresse à la condition féminine, évoque la complexité de la relation amoureuse et des bouleversements qu'elle suscite irrémédiablement. Elle dépeint aussi sa condition d'écrivain, démontre d'une certaine manière combien la ligne qui sépare la fiction et la réalité peut parfois s'avérer bien ténue. Mais le problème face à ma lecture est là, car je n'ai que rarement été sensible à ce roman et à ses personnages, qui ne sont restés pour moi que d'encre et de papier.