Mais c'est qui, SOKO ?

 Stéphanie Alexandra Mina Sokolinski  est une chanteuse et actrice française d'ascendance polonaise, née en 1985 à Bordeaux. Voilà du moins ce que dit la première ligne de sa wikibiographie. Pour ma part, j’ai eu l’occasion de la croiser un jour dans la rue, en plein milieu d’un passage clouté avec un chapeau sur la tête, une cape sur les épaules, et une guitare sur le dos. On aurait dit une héroïne venue de Tatooin, la fameuse planète désertique en marge de la République Galactique, où règne le terrible Jabba le Hutt et d’où est également issu le jeune Skywalker.  Car Soko a l’étoffe des Jedi, des grands yeux aussi brillants que Princess Leia, et malgré tous les efforts qu’elle avait fait pour se cacher, je l’ai reconnue. « Hey Soko ! »  Elle s’est arrêtée, on a discuté au milieu de la rue, et elle m’a invité à son concert, puisque c’était juste à côté, dans une nouvelle boite de nuit branchée dessinée par David Lynch…

I thought she was an Alien

Je me suis assis comme tout le monde, au pied de la scène. Et Soko a commencé à entonner sa chanson en s’accompagnant de sa guitare. Il y a dans la voix de Soko quelque chose qui vient de loin, peut-être d’une campagne Polonaise profonde en ces temps reculés où les sorcières et les fées peuplaient les forêts de bouleaux comme dans un film de Wajda. Quelque chose de tellurique, une énergie qui semble venir des entrailles de la Terre, et en même temps, quelque chose de fragile, d’étrange, voir d’Alien. C’est comme ça d’ailleurs quelle a décidé d’appeler son premier album, I thought I was an Alien, qui devait sortir en octobre, mais qui ne sortira qu’en février et peut-être jamais, tant la chanteuse est coutumière des ajournements de projets artistiques, comme si pour reprendre les mots de Fernando Pessoa, les plus belles œuvres d’Art étaient celles qu’on se contente de rêver.

I’ll kill her

Peut-être avez vous entendu sa première chanson : I’ll kill her ? Pas sur une station de Beaufs genre NRJ. Non, certainement pas. Sur le Myspace de la grande époque. Le titre a été  téléchargé dans le monde entier avant de squatter la première place des charts dans quelques pays nordiques et Anglo-Saxons. 

Bref, à la fin du concert, j’ai attendu comme un vrai fan à la porte de la loge de Soko. Et pour la première fois j’ai compris comment un fan —  un vrai — pouvait en arriver à l’extrémité de tuer son idole, pour lui voler son âme.

Emmanuel Allen