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Sugar Baby, ou l’esthétique de la porno graphie.

Par Cult1984

Rappelons en préambule que si le terme « pornographie » se confond aujourd’hui avec l’image d’un sexe en gros plan, le véritable sens du mot est à chercher dans ses origines grecques « porne » prostitué, et « grapho » peindre, écrire ou décrire ; soit littéralement, l’art de peindre la vie des prostituées. 

Sugar Baby ne vient pas du grec, mais désigne dans la culture populaire américaine une jeune fille légère qui s’offre pour de l’argent.

 

En l’occurrence, le livre de Philippe Bartherotte parle du néant existentiel d’un homme seul dont le cerveau est dévoré par la pornographie. Un être ultra photosensible qui n’aurait plus dans le cortex que des crocodiles Haribo aux couleurs acidulées, et un pistolet Glock avec lequel il projette de tuer tout le monde — soit toutes les prostituées de la société de consommation. 

Il n’y a pas que du sexe dans Sugar Baby, il a de la violence aussi. Et des scènes très graphiques à l’image de cette couverture à tête de mort.

Mais ce qu’il y a de remarquable dans cet ouvrage, au delà de l’analyse documentaire et documentée d’une solitude urbaine en proie à toutes sortes d’addictions, du virtuel aux crocodiles Haribo,  en passant par les jeunes filles pas encore majeures et les faits divers sordides, c’est la capacité de l’auteur à évoquer le réel en adoptant une distance esthétique avec son sujet, et à ne jamais tomber dans l’obscénité.

Car, si on est en plein dans le roman réaliste façon Brest Easton Ellis - et Bartherotte s’en amuse en faisant directement référence à Pat Bateman et en tutoyant parfois la parodie - il y a dans Sugar Baby un style singulier, cru mais jamais vulgaire, ainsi qu’une ironie cartoonesque qu’on ne trouve pas chez l’auteur d’American Psycho.

En résumé :  s’il y a des maladresses et des coquilles qui amoindrissent la performance, ce livre n’en reste pas moins un bel objet littéraire - dont bien entendu personne n’a parlé, à part Art&Alien.

 Sugar Baby, Philippe Bartherotte.242 pages. Editions Arkhé (18 mars 2011). Prix 16,06 Euros


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