Dans la perspective de son application en France, les mutuelles sont considérées par les institutions européennes comme des entreprises d’assurance devant répondre aux mêmes prérogatives que les autres entités assurantielles pour le premier trimestre 2013 sans tenir compte de leur place dans la société, leur histoire et leurs statuts particuliers.
Ainsi, elles devront financer par elles-mêmes des projets de mise aux normes et revoir leur politique de remboursement et de couverture pour maintenir leurs équilibres économiques. Encadrées par le code de la mutualité et n’ayant pas accès au financement direct sur le marché, elles devront puiser sur leur fonds propres ou recourir à l’augmentation de cotisations auprès de leurs adhérents. Leur vocation universaliste de développement d’accès aux soins au plus grand nombre se heurte aux exigences financières européennes qui détermineront à l’avenir la possibilité d’exercer leurs activités.
En outre, animées par une gouvernance interne démocratique et par le souci de l’amélioration du taux de remboursement des dépenses de soins de ses assurés et de leurs familles, les organisations mutualistes vont devoir entrer dans une course à la taille, à la recherche d’économie d’échelle et à des transformations de leurs activités pour dégager les fonds nécessaires à leur survie, compléter de plus en plus les remboursements de la sécurité sociale et s’assurer de la clémence du régulateur.
La cacophonie des institutions de l’Europe sur l’intérêt de bâtir ou non un statut spécifique des organisations mutualistes met en danger l’avenir de la mutualité française et européenne. La stratégie d’intégration du marché européen de l’assurance visant à protéger le consommateur des risques de solvabilité des entreprises de ce secteur, va imposer systémiquement des déséquilibres sur les dépenses de santé en France au détriment des citoyens et des assurés.