Quand JJSS combattait en Algérie
Extraits d'une lettre écrite par Jean-Jacques Servan-Schreiber, rappelé en 1956 comme lieutenant près d'Alger, à Pierre MendèsFrance, dont il défend le combat politique.
Dans son premier numéro, daté du 16 mai 1953, L'Express publie une longue interview de Pierre Mendès France sous le titre : "La France peut supporter la vérité". Le député radical de Louviers (Eure), dont le caractère trempé s'accommode mal des combinaisons de la IVe République, du laxisme économique et de l'entêtement belliciste en Indochine et en Algérie, s'y révèle plus romain que jamais.
De ce jour, L'Express s'engage en faveur de "PMF" et les fondateurs de l'hebdomadaire, Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud, entretiendront avec l'éphémère président du Conseil une longue correspondance. Jusqu'en 1981.
A travers celle-ci, les dirigeants du magazine apparaissent, selon la formule équilibrée d'Eric Roussel, comme "des incitateurs, des aiguillons, des moteurs du système", jamais comme des militants. La lettre que L'Express publie en exclusivité illustre la nature et l'état d'esprit de ces échanges fondés sur l'exigence de vérité et de loyauté. Août 1956 : Jean-Jacques Servan-Schreiber, partisan d'une politique libérale en Algérie (à l'époque, on ne parle pas d'indépendance), traverse la Méditerranée en tant que réserviste. A la tête d'une compagnie basée à 50 kilomètres d'Alger, le lieutenant adresse à Mendès une longue lettre où il s'exprime tour à tour en officier attentif à ses hommes, en politique lucide et en journaliste... plutôt satisfait de son travail.
Emmanuel Hecht