Alors je laisserai glisser entre mes doigts de lune les paroles d'or et de lumière, celles qui nous poussent aux pavés du monde, aux barricades de vie, aux roses sans souci des épines, au sang qui bat dans les artères d'avenir, et le jour viendra, drapé de rouge et d'espoir.
Pas solitaire aux avenues du soir, pensées
éparses viennent en foule dans une symphonie de souvenirs: parfois même tu parles, ou chantes, seul dans une ville cloîtrée, et rêves, toujours, que la multitude se lève et se mette à parler,
dire ce qui la touche et l'émeut; toujours tu reviens au silence et aux esprits occupés ailleurs.
Les étoiles se sont pris les pieds dans le
tapis: quel bruit fit leur chute interrompant doux sommeil ; et elles ne laissèrent même pas le radar, pour orienter les pas vers la sortie.
Une vie pour tenter de vivre, éviter les
chausse-trappes, survivre aux exils forcés, sans jamais faillir sous la dictature des idées toutes faites ; une vie pour apprendre à marcher, grandir, sans jamais se ranger dans les colonnes de
chiffres d'obscènes comptabilités ; une vie pour apprendre que l'horizon se déplace toujours devant le regard qui l'appelle ; avec parfois le goût de déguster l'instant sans autre
tyrannie.
Ce fut doux instant de voix montées jusqu'aux cieux noirs, déclinées en étoiles sur le givre des pensées : tu contemplais lune compatissante aux chagrins, qui roulait en silence entre deux montagnes, rêvant déjà d'improbables espérances.
Me voilà, flottant entre deux cieux, pensées
éparses au vent froid d'automne enfin venu, mains et doigts cherchant mots dans les eaux bleues de l'aurore.
Alors, ivre d'étoiles et les bras chargés de fleurs de misère, je sèmerai révolte et insoumission, à mots perdus.
Xavier
Lainé