Mort d’un tyran : je suis bouleversé et révolté!

Publié le 21 octobre 2011 par Citoyenhmida

Hier à partir de midi, les chaines d’information continue n’avaient qu’un seul et unique sujet de préoccupation : la mort d’abord supposée de Mouamar Kaddafi, le fantasque dictateur libyen!

Cette mort a été ensuite confirmée avant d’être  mise en scène : d’abord une photo assez floue, puis une autre plus nette, ensuite une vidéo, pour finir par des déclarations de témoins qui se disent occulaires mais qui n’hésitent pas à se contredire!

Tout cela, je dois bien le reconnaitre ne m’a fait ni chaud ni froid : Mouamar Kaddafi a fini comme il était techniquement prévu qu’il finisse, tué soit par une attaque d’un avion de l’Otan ou d’un drone, ou bien exécuté par l’un de ses proches ou lynché par la foule des rebelles!

Pas de quoi être bouleversé ni révolté!

Ce qui m’a bouleversé par contre, c’est la joie incommensurable du peuple libyen, de Tripoli à Benghazi en passant par  Syrte. La joie d’un peuple qui retrouve la liberté, la joie d’un peuple débarassé du spectre d’un dictateur qui l’opprimait depuis plus de quarante ans.

Ce qui m’a bouleversé c’est de voir ces femmes, ces jeunes, ces hommes, ces vieux, pas ceux qui ont porté les armes contre Kaddhafi, non les libyens et les libyennes qui ont pu enfin crier leur liberté.

Ce qui m’a bouleversé c’est tout l’espoir que l’on percevait dans cette foule, ces foules! Libres oui, mais libres de faire quoi! Le CNT va-t-il répondre, peut-il répondre à toutes les attentes du peuples libyen? Va-t-il reconnaitre le droit de tous les libyens?

Voilà ce qui m’a bouleversé!

Mais ce qui m’a révolté est peut-être moins important  mais il n’en demeure pas moins un symbole de ces temps troubles.

Révolté par les images de ce corps mutilé, ensanglanté, blessé! Par ce cadavre exhibé comme un trophée!

Révolté par les mises en scènes morbides qui au fur et à mesure que les nouvelles se confirmaient nous montraient des combattants, hier héroïques, se transformer soudain en de vulgaires lyncheurs assoiffés de vengeance.

Révolté surtout par les déclarations hautement moralisantes des dirigeants européens et américains qui traitent de tous les noms Mouamar Kaddafi, leur allié d’hier à peine et leur client privilégié depuis toujours.

Révolté de lire le communiqué de l’Elysée : “la disparition de Mouammar Kadhafi est une étape majeure dans la lutte menée depuis plus de huit mois par le peuple libyen pour se libérer du régime dictatorial et violent qui lui a été imposé pendant plus de quarante ans“. Mouamar Kaddafi n’était-il pas à la tête d’un régime dictatorial et violent quand il a été reçu en grande pompe par Nicolas Sarkozy à Paris en 2008?

Révolté d’entendre David Cameron parler des victimes de Mouamar Kaddafi, alors qu’il a quelque temps son pays entretenait d’excellentes relations commerciales avec la Libye, sous la houlette de Tony Blair tant comme premier ministre que comme lobbyste influent.

Révolté par la discrétion des déclarations de Barak H. Obama qui a salué la victoire du peuple libyen “sur l’un des plus anciens dictateurs du monde” et qui a oublié le rôle essentiel de la logistique américaine dans le processus de guerre. Il a aussi oublié de sa secrétaire d’état Hilary Clinton recevait officiellement il y a quelques mois Motassim Kaddafi,  le fils du dictateur chargé des problèmes de sécurité.

Révolté par la légéreté des déclarations de Sylvio Berlusconi qui s’est rappelé ses cours de latin pour commenter la disparition de son grand ami d’hier : « Sic transit gloria mundi », c’est à dire « ainsi passe la gloire de ce monde ».

Mouamar Kaddafi est mort, de la mort la moins glorieuse qui soit, celle d’un homme traqué par son propre peuple, chassé de ses palais et lynché comme un vulgaire criminel dans par un pays sans loi!

La Libye est maintenant face à son destin : souhaitons au peuple de ce pays de savoir sortir dignement de cette situation.