Un séduisant exercice de style à la manière de Tchekhov...

Publié le 21 octobre 2011 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

 

Jolie idée que celle de l'auteur irlandais Brian Friel de réunir sur scène deux personnages Tchekhoviens. Celui-ci fait en effet se rencontrer le frère des "Trois Soeurs" André Prosorov, et Sonia Sérébriakova d'"Oncle Vania". Les projetant vingt années après que le rideau soit tombé sur leur première existence, il nous donne à voir, dans un café miteux de Moscou, deux êtres à la dérive, ayant perdu leur jeunesse, à la fois désespérés et emplis du rêve impossible d'"une autre vie"... 

Fidèle au style du père de ces personnages dont il a aussi conservé la complexité, Friel livre un dialogue tout en finesse, truffé de clins d'oeil aux oeuvres originelles, tendre, sensible, drôle, plein d'humanité, et prolonge l'histoire d'André et Sonia, tant et si bien que Tchekhov n'aurait sans doute pas renié cette suite. Nul doute que ces deux-là avaient des choses à se dire. Et à nous dire ! Sur l'amour, la famille, la vie...

Marie Vincent et Roland Marchisio les incarnent avec intelligence, subtilité, profondeur, et sensibilité. Nous sommes heureux de voir ce dernier dans un registre qu'il avait un peu délaissé ces derniers temps, plus coutumier des boulevards qu'il n'a d'ailleurs pas abandonnés, jouant simultanément la nouvelle pièce d'Eric Assous aux côtés de Dany Brillant (quel marathon !).  

Comme à son habitude, Benoit Lavigne  (Baby Doll, Grand Ecart, Pluie d'enfer...) signe une mise en scène aboutie et des plus soignées.

Ce petit moment d'une heure est charmant, simple, touchant, et mérite le déplacement, non sans avoir relu auparavant, pour le plaisir mais aussi parce que cela peut s'avérer utile à une appréciation optimale du spectacle, les deux pièces de Tchekhov.

Photos : Lot