Ces jours-ci, la colère des étudiants du Québec est encore présente autant dans les milieux médiatiques que dans la rue. Les manifestations s'enchaînent semaine après semaine, mois après mois. La hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement Charest suscite la grogne des associations étudiantes partout à travers le Québec. Pourtant, il y a lieu de se questionner sur les motivations de cette grogne. Est-ce une simple question de portefeuille, ou cette ire cacherait-elle en elle quelque chose de beaucoup plus profond? Pour ma part, je suis également en colère contre le système d'éducation québécois. Mais ma colère n'est pas liée à la hausse des frais de scolarité. Au contraire, je crois plutôt que nos élus n'en font pas assez sur le plan de l'éducation. En effet, la hausse des frais de scolarité n'est pas liée, en soi, à une diminution des taux de fréquentation des universités. La Nouvelle-Écosse, par exemple, est la province canadienne qui a le plus haut taux de fréquentation universitaire, tout en ayant les frais de scolarité les plus élevés au pays. Au Québec, le problème des universités est profond, et dépasse largement le débat entourant les frais de scolarité. Voici quelques réalités que je vis au quotidien, en tant qu'étudiant à l'Université de Montréal :
– Plusieurs Chargés de cours ne savent pas écrire une phrase sans faire de fautes d'orthographe. Lorsqu'un Chargé de cours nous distribue une feuille de consignes de travail, sur laquelle les fautes de français abondent, je me demande sérieusement comment je peux prendre son cours au sérieux.
– Un nombre de plus en plus élevé de Professeurs et de Chargés de cours participent à la dévaluation de la valeur de notre éducation. Lorsque le résultat moyen d'un examen est décevant (i.e. une moyenne de groupe inférieure à 55%), le Professeur «ajoute» 15% à toute la classe. Résultat : ce Professeur dévalue la qualité de l'éducation de 15%.
– Plusieurs Professeurs et Chargés de cours participent au fléau de la paresse. Dans un de mes cours, l'enseignant avait prévu en début de session de nous faire faire un travail de recherche à partir d'une documentation scientifique. Devant la réaction de plusieurs de ses étudiants qui se plaignent d'«avoir trop de travail», l'enseignant finit par céder en exigeant dorénavant pour ce travail une simple recherche Internet, alors que le travail initial prévoyait une recherche d'articles et d'ouvrages spécialisés.
Je pourrais allonger cette liste sur des pages et des pages. Heureusement, les Universités du Québec ont encore aujourd'hui des Professeurs compétents qui ont à coeur leur profession et la réussite de leurs étudiants. Cependant, l'incompétence grandit, et elle a atteint aujourd'hui un seuil à donner des frissons. J'aimerais envoyer aujourd'hui le message suivant au Premier ministre Jean Charest et à la Ministre de l'Éducation : je dis oui à la hausse des frais de scolarité. J'espère seulement que cet argent supplémentaire ne contribuera pas à grossir la vague de l'incompétence qui s'abat sur nos campus, mais bien à redonner à l'Université l'image qu'elle mérite : celle d'un milieu du Savoir, de dépassement de soi, et d'une formation de qualité.