Arrêtons-nous un instant sur le personnage de Gertrude Stein (1874-1946). Après des études de biologie et de psychologie elle s’installe à Paris en 1903 avec son frère Léo. En 1907 elle rencontre Alice Babette Toklas, une femme de lettres américaine qui deviendra la compagne de toute sa vie. Les ouvrages de Gertrude Stein sont caractérisés par une construction de type cinématographique, faite d’une succession de séquences. Elle accueille à Paris les plus grands noms de l’avant-garde littéraire et artistique tels qu’Ernest Hemingway. Avec son frère elle collectionne très tôt les œuvres de jeunes artistes novateurs, tels Picasso, Matisse et Braque. Elle est l’un des premiers mécènes de la peinture du XXe siècle, notamment du mouvement cubiste naissant.
Une image qui m’a frappé dans cette exposition, c’est cette photo en noir et blanc de l’appartement des Stein, rue de Fleurus, dont les murs sont couverts de toiles de Picasso, Matisse ou Cézanne, certaines toiles à proximité du tuyau d’un poêle à charbon ce qui ferait sans doute s’évanouir tout conservateur qui se respecte.
Dans la fratrie chacun se lie plus étroitement avec un artiste. Sarah et Michael Stein sont proches de Matisse et réunissent une importante collection de ses toiles. Sarah l’encourage à ouvrir une académie pour expliquer son art et fait partie de ses élèves. En 1928 ils s’installent dans une villa qu’ils font construire par Le Corbusier, à Garches, on peut d’ailleurs voir dans un film une tranche de leur vie dans cette architecture moderne. En 1935 Sarah et Michael décident de rejoindre les Etats-Unis face à la montée des périls fascistes. Pour sa part Gertrude Stein noue une véritable amitié avec Picasso qui réalise d’ailleurs son portrait en 1906. Gertrude et son frère accompagnent Picasso pendant l’aventure de la genèse des Demoiselles d’Avignon, ils acquièrent un carnet d’études exceptionnel et le grand tableau « Nu à la serviette » (1907), plus tard ils ne pourront plus acheter les toiles de Picasso devenues trop chères.
Une section est consacrée au « Samedis des Stein ». Les deux appartements parisiens de la famille deviennent des salons où se côtoient des intellectuels et des artistes français et étrangers qui viennent admirer la collection et se confronter.
Parmi les œuvres exposées, « La Femme au chapeau » de Matisse qui fait scandale au Salon d’Automne de 1905. Léo achète cette toile qui figure en bonne place dans sa collection avant-gardiste. C’est d’ailleurs cette année que naît le mouvement « fauve », nom qui provient d’un commentaire méprisant des critiques d’art comparant la salle où étaient exposées les œuvres à une « cage aux fauves ». Autre toile emblématique de Matisse « le Nu bleu » de 1907.
Au final je suis sorti un peu étourdi par cette floraison d’œuvres. Comme d’habitude je constate que les organisateurs de ces expositions n’ont toujours pas compris qu’il y a des foules de visiteurs et ne font pas grand-chose pour faciliter les flux. Les cartels sont placés au sol, très pratique pour la lecture, et effet bouchon garanti. Quand penseront ils à placer les œuvres un peu plus haut avec des cartels plus visibles pour éviter que les visiteurs soit obligés de s’agglutiner devant les tableaux ?