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[France - Banksters] Coup de gueule sur les pratiques de nos banques

Publié le 20 octobre 2011 par Yes

Par Jean-Pierre CORBEL – Chronique dans « Club Patrimoine » lettre d’information

Même si l’actualité peut entretenir une certaine ambiguïté, je ne vous parlerai pas de la mise en examen du directeur central du renseignement intérieur pour écoutes illégales… Je ne vous parlerai pas non plus de la mise en examen et de l’incarcération préventive du numéro 2 de la police judiciaire de Lyon pour corruption active et passive…

Non, ce titre juste pour un nouveau « coup de gueule » (une fois n’est pas coutume !) envers les autorités de marché et les régulateurs divers qui, à force de normes qui ne règlent que la forme, engluent notre société dans une mélasse juridico-administrative. Commençons par le commencement : avez-vous déjà essayé de retirer une grosse somme en liquide au guichet de votre banque (quand je dis grosse somme je parle de quelques milliers d’Euros)?

Avez-vous récemment fait un virement significatif sur un compte qui ne serait pas le votre ou pire encore, à l’étranger ? Et bien vous allez rire (ou pas), non contents de nous obliger de justifier l’origine des fonds que nous versons sur nos comptes (les procédures « tracfin » censées, à l’origine, nous protéger du terrorisme ou de la grande délinquance internationale) il faut maintenant, sous prétexte de traçabilité, justifier (sur la base d’un document formel) la raison pour laquelle vous voulez sortir votre argent de chez votre gentil banquier… Big brother veille !

Un autre exemple ? Un assureur-vie la semaine dernière, à l’occasion d’un rachat partiel que nous avions motivé par « acquisition immobilière », et qui faisait l’objet d’un virement sur une banque française, me demandait préalablement une copie du compromis, faute de quoi il ne saurait procéder au rachat.

En clair, vous devez obtenir le blanc seing de votre banquier et sa validation juridique avant de retirer votre argent ! Après nous avoir cernés avec les moyens de paiement électroniques et l’interdiction de règlements en « cash » au-delà de 3000 Euros, la boucle est bouclée, le banquier devient flic !

Mais bien sûr, c’est pour la bonne cause : on veut traquer l’argent du terrorisme, empêcher le blanchiment de l’argent de la drogue, pister le trafic de subventions internationales…

Oui, bien sûr, on imagine bien ! Ce discours me rappelle un peu celui de « la sécurité » tenu par un ministre de l’intérieur devenu Président. Les français avaient peur, il fallait renforcer la police et lui donner plus de moyens pour que l’on puisse sortir tranquillement le soir… Effectivement les parisiens voient de plus en plus de policiers dans les rues… qui distribuent de plus en plus de PV de stationnement (à tel point que l’on met maintenant votre voiture en fourrière si vous stationnez un dimanche sur une place livraison dans un quartier de bureaux). On voit aussi de nombreux policiers déguisés en « robocop » dans le VIIIème arrondissement et autour d’une clinique du XVIème… Et, pendant ce temps, l’insécurité, les délits, les agressions et les incivilités ne cessent de progresser… Mais les procédures sont respectées, les normes sont fixées !

J’écoutais un opérateur hospitalier se justifier à la radio, ce matin, sur une polémique concernant le mobilier en aggloméré de blocs opératoires, mobilier qui multiplierait les risques de maladies nosocomiales. Sa réponse fût simple : « Nous avons respecté les normes » !

Ah, ces normes qui sauvent un monde qui a peur, de la santé à la finance… Croyez-vous que l’argent du terrorisme passe par l’agence LCL de la rue Vivienne pour quelques dizaines de milliers d’Euros? Croyez-vous que l’on obtiendra des justificatifs fiables quand des transferts seront faits en millions d’Euros d’une banque des émirats vers Dexia Luxembourg, récemment rachetée par l’émir du Qatar? Croyez-vous qu’il n’y a plus de rétro-commissions pour les marchés avec les Etats Africains? Mais de qui se moque-t-on ? A force de marketing bien pensant, l’Etat et les institutions financières ont cerné le petit épargnant et le charcutier fraudeur. La cellule de dégrisement de Bercy a réussi à mettre à jour quelques centaines de comptes hébergés chez les helvètes.

Mais ce sont ceux-là même qui nous font la morale et portent atteinte à des libertés que nous leur offrons passivement sur un plateau (imaginons ce que ferait de ces normes, demain, un Etat totalitaire), qui ont mis la planète par terre, pratiqué la cavalerie, menti sur les comptes publics, spolié les petits porteurs… Sous le contrôle de régulateurs qui ne pouvaient l’ignorer mais qui trouvent le moyen de plaider non coupables puisque « ils ont respecté les normes », régulateurs dont les dirigeants ignorent trop souvent les frontières entre la haute administration et la sphère financière…

Alors… Flics ou voyous?


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