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La finance disqualifiée selon Paul Jorion

Publié le 20 octobre 2011 par Trappe à Phynances
Il y a six mois, Paul Jorion, blogueur influent (ses billets hebdomadaires sont lus entre 200.000 et 400.000 fois, suscitant jusqu'à 300 commentaires) et auteur du récent Le capitalisme à l'agonie, publiait une tribune dans Le Monde. Son titre ? "La finance disqualifiée".
Paul JorionPaul Jorion dans sa maison bretonne.

Selon lui, et tout le confirme jusqu'ici, l'industrie financière ne se plie pas à l'intérêt général pour sortir de la crise. Malheureusement, les autorités ne semblent pas prêtes à phagocyter le terrorisme financier à l’œuvre. Aucune régulation mondiale, aucune régulation nationale. Il est vrai que Goldman Sachs (pour ne citer qu'elle) sait bien placer ses banquiers : ils font partie de l'administration Obama (un esclave) et de la Banque Centrale Européenne : Mario Draghi, vice-président de la branche européenne Goldman Sachs est actuellement président de la BCE.

Existe-t-il des éléments pour étayer l'hypothèse que chaque établissement financier fera prévaloir l'intérêt général sur son intérêt particulier ? Hélas, non : le déroulement de la crise en 2007 et 2008 suggère au contraire qu'il s'agit d'une croyance infondée.

Paul Jorion cite le rapport du Sénat américain rendu public le 13 avril 2011 qui confirme que le bankster Goldman Sachs, la Deutsche Bank et d'autres, ont non seulement trahi la confiance de certains de ses meilleurs clients en leur vendant des produits financiers structurés de manière à être de la plus mauvaise qualité possible, mais qu'elle a mis au point de nouveaux produits dérivés (les CDO « synthétiques ») pour parier sur la perte de l'ensemble du secteur du crédit hypothécaire américain.
Le rapport du Sénat décrit le responsable du crédit hypothécaire chez Goldman Sachs promettant à son équipe de commerciaux des primes « ginormous » - une contraction des mots « gigantic » et « enormous » - s'ils parvenaient à vendre ces produits. Dans un mail, l'un des dirigeants de la banque en Australie dit, à propos de la découverte d'un gogo à qui l'on pourra vendre ces produits avariés : « Je crois avoir trouvé un éléphant blanc, un cochon volant et une licorne, tout en un ! »
Les établissements financiers en question poursuivent aujourd'hui leurs activités en toute quiétude. Aucun de leurs dirigeants n'a été inculpé. Mieux, on les retrouve assis aux tables de négociation, faisant objection aux propositions des régulateurs qui représentent la communauté dans son ensemble.

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