Avant toutes choses, il est nécessaire de définir brièvement ce que l’on appelle une stratégie transmédia. Il s’agit de disposer d’univers d’évocation (ici les derniers résistants européens de la Seconde Guerre Mondiale) à partir duquel on propose diverses manières d’appréhender ce sujet. Dans le cas de “Les combattants de l’ombre“, le dispositif a été le suivant : une série de six documentaires diffusés dans le cadre des “Mercredis de l’Histoire” sur Arte depuis le 12 octobre dernier, un livre aux éditions Arte Editions, une collection de 3 DVD aux mêmes éditions Arte Editions, un partenariat avec Paris Match dans le cadre d’un dossier spécial consacré à Stephan Hessel (avec vidéos inédites sur le web et application I Pad) et enfin un site web interactif dédié.
Dispositif complet, le site web interactif propose plus particulièrement la collection de soixante sept portraits de résistants. L’intérêt de ce dispositif réside dans la manière dont on peut consulter l’ensemble du contenu. Recherche par nom, par pays, par thématiques de récits. A tout moment, lors de l’écoute d’un récit de résistant, on peut naviguer pour aller chercher de nouvelles informations de contexte, qu’il s’agisse de cartes, de renvois vers le site d’Arte, etc. De cette manière, à chaque fois que l’on revient sur la vidéo témoignage, celle-ci reprend exactement là où l’on en était. Par ailleurs, des traces de navigation persistent sur le site, indiquant quels contenus ont dors et déjà été suivis.
Outil d’initié ou d’amateur, la navigation multi forme offre de ce point de vue une véritable pertinence. Certains viendront pour écouter des récits inscrits dans des contextes forts (notamment géographiques) et d’autres pourront disposer de récits inscrits dans des contextes thématiques beaucoup plus larges. Cela étant, chacune des manières de faire puise dans le monde du ludique grâce à cette navigation par captations successives de briques sémantiques. Par ailleurs, dans cette construction individuelle par briques successives, il est intéressant de noter que chaque témoignage est également découpé par chapitres successives qui permettent de ne pas avoir à écouter l’ensemble d’un témoignage mais plus particulièrement de disposer d’éléments réduits qui répondent à la fois aux attentes précises de l’internaute tout en répondant aux habitudes de consommation sur le web.
Ce dernier point peut tout de même prêter à discussion notamment vis à vis d’un sujet tellement dense dans lequel l’aspect temporel réduit tend indéniablement à restreindre la capacité testimoniale de ces documents. Il demeure que le choix semble avoir été fait ainsi pour ouvrir tout le spectre des possibilités de consultation allant de l’extrait rapidement vu à la consultation dense et suivie.
En conclusion, il s’agit une fois encore de saluer la performance et la pertinence de l’offre numérique d’Arte qui offre un projet grand public avec une densité d’information remarquable et qui par sa manière d’utiliser très simple s’adresse indifféremment à toutes les générations. “Les combattants de l’ombre” où quand le numérique par le prisme du ludique devient un véritable objet pédagogique.
LES COMBATTANTS DE L’OMBRE / BANDE ANNONCE
Références : Arte, Social TV, Transmédia, Web Réactions de lecteurs