- Naufrage d’un porte-conteneur au large de l’Ile du Nord
Le porte-conteneur Libérien Rena s’est échoué dans la nuit du 5 octobre au large de l’Ile du Nord, l’une des deux principales îles de la Nouvelle-Zélande. Il a heurté à pleine vitesse le récif de l’Astrolabe et a perdu plus de 300 tonnes de pétrole lourd qui s’est déversé dans la baie de Plenty, peuplée de baleines et de dauphins. Des boulettes de pétrole ont atteint les plages 5 jours plus tard.
Selon Nick Smith, le ministre de l’environnement Néo-Zélandais, il s‘agit de « la catastrophe maritime écologique la plus grave qu’ait connue la Nouvelle-Zélande », et les autorités ont recommandé aux habitants de ne pas se rendre sur les plages et d’éviter de consommer des fruits de mer.
L’assureur Swedish P&I Club, qui assure l’armateur Costamare, a assuré que l’intégralité des frais liés à l’échouement du navire serait payée (y compris les frais liés à la pollution). De son côté, la compagnie Suisse MSC, affréteur du navire, a déclaré une donation volontaire d’un million d’Euros car il se sentait concerné par l’impact écologique et économique de cette catastrophe.
Le commandant du navire a été arrêté le 12 Octobre et inculpé pour navigation dangereuse, selon la section 65 de la loi sur le transport maritime. Il encourt une amende pouvant aller jusqu’à 10 000 dollars Néo-Zélandais et jusqu’à 12 mois de prison. En effet, le premier ministre John Key explique qu’il ne comprend pas comment, un récif à ce point connu, n’ait pas pu être évité, et pour lui, seule la justice peut répondre à cette question. Cependant, à la demande de son avocat qui craint pour sa sécurité, les médias n’ont publié ni le nom ni la photo du commandant.
- Des opérations de pompage difficiles
Les experts ont tenté de sécuriser le navire, mais les conditions météorologiques ont rendu cette opération difficile et l’équipage a du être évacué. En effet, la coque menace de se briser et de répandre la totalité du fioul dans l’océan, soit près de 1 700 tonnes. Les opérations de pompage avaient commencé le week-end suivant le naufrage et ont ensuite du être interrompues à cause du mauvais temps. Elles ont repris hier mais le retour de la houle complique leur tâche, et l’équipage a dû à nouveau être évacué. Depuis le début, près de 90 tonnes de carburant ont été pompées, mais ce dernier continue de se déverser dans la mer, en petite quantité.
De nouvelles fractures dans la coque du navire sont apparues le 12 Octobre, ce qui accroit l’inquiétude des autorités. En effet, avec la forte houle et le mauvais état de la coque, les risques que le bateau ne se brise en deux sont probables, selon le ministre des transports Steven Joyce.
- Plus de 30 espèces d’oiseaux touchées
Le récif de l’Astrolabe, contre lequel s’est échoué le Rena, est bien connu pour la richesse de sa biodiversité. En effet, cette zone est très peuplée de baleines, dauphins et oiseaux marins. Le naufrage ayant eu lieu en pleine période de nidification, on compte déjà plus de 1 300 oiseaux (de 30 espèces différentes) touchés par la catastrophe. On a aussi retrouvé dans les derniers jours quatre cadavres de cétacés échoués sur les côtes. De plus, des espèces de cormorans et de manchots sont actuellement traitées dans les centres de soins pour animaux alentours.
Enfin, plusieurs oiseaux de l’espèce des Puffin de Buller ont été retrouvés mort, or cette espèce ne niche que dans les Poor Knights Islands au nord d’Auckland (à 200 km du naufrage), ce qui indique que la pollution a dépassé les limites de la baie de Plenty.
- Avis Sequovia
Alors que le monde a les yeux rivés sur Auckland et la finale de la coupe du monde du rugby, à quelques kilomètres de là on assiste à la plus grosse catastrophe maritime écologique que la Nouvelle Zélande ait jamais connue, même si ce naufrage n’a pas l’ampleur des marées noires de ces dernières décennies (Deep water, Erika, Exxon Valdez…). De plus, elle a lieu dans un pays où la protection des paysages et de la nature est très importante.
Les coûts engendrés par cette catastrophe sont pris en charge par les assurances et autres donations, mais les conséquences écologiques et sanitaires ne peuvent pas être dédommagées. Avec le nombre de naufrages de pétroliers de ces dernières années et leur conséquences, il serait temps de mettre en place des mesures sérieuses de prévention comme le font déjà certains pays avec des mesures législatives dissuasives par exemple (fortes amendes en cas de rejet d’hydrocarbures ou en imposant des conditions de sécurité renforcées sur les navires). Un projet de durcissement de la législation est d’ailleurs actuellement en cours dans l’Union Européenne.